Le procès Gdim Izik est toujours sous les feux de la rampe. La mobilisation des associations internationales des droits de l'Homme pour rejuger les 24 sahraouis mis en cause dans cette affaire devant un tribunal civil, ne faiblit pas. C'est le cas de Human Rights Watch qui monte au créneau dénonçant les irrégularités qui auraient entaché le déroulement de ce procès. Un mois et demi après l'annonce du verdict du procès Gdim Izik, Human Rights Watch a rendu, hier, publique sa position. L'ONG américaine estime que le «Maroc devrait libérer les Sahraouis condamnés ou bien leur accorder un nouveau procès, équitable cette fois, devant un tribunal civil». Une option conforme à la «recommandation récente de son Conseil national des droits de l'Homme, celle de mettre fin aux poursuites de civils devant les tribunaux militaires en temps de paix. Le roi Mohammed VI, a-t-il été rapporté, s'est «félicité» de cette recommandation le 2 mars». La cour militaire n'a pas fourni les preuves de ce qu'elle avançait La directrice de la division Moyen-Orient et Afrique du Nord au sein de HRW a déclaré que «les pertes en vies humaines à Gdim Izik sont certes déplorables, mais le ministère public n'a pas su établir de façon crédible, après 26 mois de détention provisoire pour la plupart des accusés, que ces derniers soient responsables des violences». Pour elle, les «procureurs marocains, lors de procès politiquement sensibles» ont l'habitude de ne pas «fournir non pas des preuves matérielles ou des témoignages démontrant la culpabilité des accusés, mais de simples aveux obtenus dans des circonstances douteuses.» Selon Human Rights Watch, le jugement écrit du tribunal militaire « ne détaille pas les preuves sur lesquelles il s'est fondé pour déclarer coupables tous les accusés. Vu qu'il ne mentionne aucune autre pièce à conviction, le verdict semble bien reposer sur les aveux contestés des accusés à la police». Ce constat de HRW, Amnesty international le partage. L'ONG, basée à Londres, l'a, d'ailleurs, exprimé au lendemain du verdict. Dans un communiqué AI a pointé du doigt «la faiblesse des preuves dans cette affaire». Pas d'enquête sur les allégations de tortures Le 4 mars dernier, devant les membres du conseil des droits de l'Homme de l'ONU, Juan Mendez a réservé un paragraphe de son rapport sur la torture au Maroc au procès Gdim Izik. Il y faisait mention " que les allégations de torture et de mauvais traitements pendant la période de presque deux ans qui a précédé les procès, n'ont fait l'objet d'aucune enquête». Human Rights Watch reprend à son compte cette même observation. Dans son communiqué, l'ONG déplore que le tribunal militaire ait «rejeté les requêtes présentées par la défense d'enquêter sur les allégations des accusés, selon lesquelles les policiers les ont torturés et forcés à signer des procès-verbaux qu'ils n'avaient pas lus».