Nouveau coup dur pour le film «Tinghir-Jérusalem, les échos du Mellah», plus d'un mois après avoir été récompensé au Festival national du film de Tanger (cf notre article). Il vient d'être déprogrammé du Festival international du film documentaire de Zagora, prévu du 29 au 31 mars prochain. Alors censure ou tout simplement déprogrammation pour difficultés financières ? Contacté aujourd'hui par Yabiladi, le réalisateur franco-marocain, Kamal Hachkar ne comprend pas la déprogrammation de dernière minute, au Festival international du film documentaire de Zagora, surtout que son film avait été projeté à un autre festival de Zagora, le Festival du film transsaharien, en novembre dernier. «Il est vrai que mon film a été proposé au Festival international du film documentaire bien après la date limite de sélection de films. Cependant, quelques jours plus tard, les organisateurs m'ont fait savoir que mon film avait été accepté. Ils m'ont même envoyé mon billet d'avion par mail pour participer au festival», explique le cinéaste. Puis, les organisateurs de l'évènement cinématographique reviennent sur leur décision. Ils contactent Kamal Hachkar pour lui apprendre que son film ne pourra pas être projeté au festival pour «raisons financières». «S'ils ont des problèmes financiers, pourquoi me prennent-ils mon billet d'avion pour me déplacer à Zagora ?», s'interroge Kamal Hachkar. Censure... Lui, soupçonne que son film a tout simplement été censuré après que les organisateurs aient reçu des pressions extérieures pour que son film ne soit pas projeté. Des soupçons compréhensibles puisque son film a été annulé d'un festival à Agadir en novembre dernier. Sans oublier les multiples attaques et appels à censure, provenant du PJD, notamment en marge du festival de Tanger, accusant le film de vouloir normaliser les relations avec Israël. «Je ne peux accuser personne. C'est juste triste et regrettable d'avoir à faire face à cette déprogrammation, surtout que les organisateurs m'avaient assuré qu'ils étaient fiers d'avoir mon film. Ce n'est pas digne d'un festival !», lâche-t-il. ...ou tout simplement problèmes d'argent ? Et si, pour une fois, il ne s'agissait pas de censure ? La question mérite aussi d'être posée. Du côté des organisateurs du festival, la déprogrammation du film de Kamal Hachkar n'a rien à voir avec une quelconque censure. «Non, ce n'est pas de la censure ! Nous n'avons reçu aucune pression extérieure pour déprogrammer son film», répond Aziz Naciri, directeur du festival international du film documentaire de Zagora, contacté par Yabiladi. «A l'heure actuelle, nous n'avons pas les moyens suffisants pour accueillir tous les réalisateurs et leur film. Le souci est que des partenaires locaux et des sponsors privés ont changé d'avis à la dernière minute et ont refusé de nous verser de l'argent pour sponsoriser le festival. Par ailleurs, le CCM [Centre Cinématographique Marocain] ne nous a versé qu'une subvention de 20 000 dirhams alors que les coûts du festival s'élèvent au total à plus de 60 000 dirhams», poursuit-il. Ainsi, pour tenter d'économiser un maximum d'argent, les organisateurs ont dû annuler certains billets d'avion de réalisateurs, dont celui de Kamal Hachkar. Si les organisateurs du festival étaient si heureux d'avoir le film de Kamal Hachkar, pourquoi choisir alors de déprogrammer ce film en particulier ? «Parce qu'il a soumis son film bien après les délais de sélection», répond Aziz Naciri, ajoutant qu'il ne souhaitait pas choisir de déprogrammer d'autres films qui avaient respecté les délais de soumission. «Je vais même vous apprendre quelque chose. Le festival tout entier risque même d'être annulé ou reporté à cause de ces problèmes financiers. Nous avons d'ailleurs une réunion ce soir pour décider ce que nous allons faire avec le reste de l'équipe», ajoute-t-il. Le film sera projeté à Nador et à Los Angeles Malgré la déception de ne pas voir son film diffuser une nouvelle fois à Zagora, Kamal Hachkar a néanmoins un programme chargé qui l'attend ces prochaines semaines. Comme le dit l'adage, un de perdu, 10 de retrouvés ! Son film sera projeté prochainement au festival international du cinéma et de mémoire à Nador prévu en avril prochain. Sans oublier des invitations pour présenter son film à Los Angeles, Marseille, Renne ou Lausanne.