L'opération «DVD» (départs volontaires dans l'administration) s'est-elle soldée par un échec sur toute la ligne ? Tout porte à croire que oui. Que ce soit d'un point de vue qualitatif avec le départ des fonctionnaires les plus sérieux et les plus compétents (le chiffre de 40 000 départs est avancé) que sur le volet quantitatif. Pour rappel, il faut savoir que lors du lancement de l'opération «départs volontaires», en 2005, le nombre officiel de fonctionnaires dans l'administration était d'environ 770 000 personnes. Au lendemain de l'opération DVD, leur nombre était de 727 000 pour aujourd'hui être de....780 000 fonctionnaires. Nous sommes donc à un niveau supérieur à celui d'avant le «dégraissage» massif. On peut se demander au passage l'attitude de l'Union européenne (UE) qui avait largement encouragé et soutenu la réforme. Autant dire que le partenaire institutionnel européen doit faire grise mine à la lecture de ces chiffres. Du coup, tous les regards sont braqués sur les collectivités locales et les postes de dépenses liées aux charges du personnel. Selon un état financier des finances publiques diffusé au mois de juillet 2009, les charges liées à la rémunération des fonctionnaires rattachés aux collectivités locales (soit 4 milliards de Dh) ont été 4 fois plus importantes que les dépenses dédiées au matériel (environ 1 milliards de Dh). En clair, la masse salariale constitue le premier poste de dépenses des collectivités locales. «Pour gérer tout ce beau monde, il faut une logistique et des moyens considérables. En plus des salaires versés aux employés communaux, il faut également financer les fonctionnaires qui assurent les tâches administratives comme la gestion du personnel, la paie,... », indique un élu communal à Casablanca. Ainsi, la (bonne) volonté affichée par l'Etat n'aura pas suffi pour imposer un régime draconien au mastodonte de l'Administration. Bien au contraire. On peut donc légitimement s'interroger sur la capacité de l'administration à gérer de manière optimale ses finances et ses...dépenses. En chiffres, cela se traduit par une masse salariale, valeur du jour, de 76 milliards de dirhams contre 56 milliards de Dh en...2005. Soit un «surcoût» de 20 milliards de Dh pour le budget de l'Etat. Selon le gouvernement, l'inflation de la masse salariale a plusieurs explications comme par exemple l'augmentation des effectifs dans certains départements ministériels (agents d'autorité, instituteurs,...), le changement de grades survenus pour bon nombre de fonctionnaires durant ces 3 dernières années ou encore la réussite de fonctionnaires à des concours de la fonction publique qui leur a permis d'accéder à des niveaux de grades supérieurs et de rehausser leur revenus. Il faut savoir qu'en 2008, Abdellatif Jouhari, Gouverneur de la Banque du Maroc, avait tiré la sonnette d'alarme sur le tend haussier de la masse salariale dans l'administration. Il avait recommandé «la souscription d'engagements qui affecteraient les équilibres budgétaires» avec au cœur de ses préoccupations le poids (grandissant) de la masse salariale dans le PIB, soit 10,2 %. Il semblerait que son appel à la raison n'ait pas eu l'écho escompté. L'Etat et les collectivités locales disposent-ils d'une marge de manœuvre suffisante pour réduire la masse salariale des fonctionnaires ? Il est fort probable que non, tant le rôle «social» joué par l'Etat et les collectivités locales, premier employeur du pays, est important. Et ce n'est pas près de changer.