Au lendemain de la plainte pour apologie du terrorisme, annoncée par le ministre français de l'Intérieur au sujet des des propos sur la guerre à Gaza, la journaliste franco-marocaine Zineb El Rhazoui a choisi de répondre sur Al Jazeera Mubasher. Dans cet entretien à la chaîne qatarie, l'autrice a affirmé n'avoir dit «que ce que [sa] conscience [lui] dictait à propos de la guerre génocidaire» menée par Israël. La journaliste et écrivaine Zineb El Rhazoui a réagi à la plainte du ministre français de l'Intérieur, Bruno Retailleau, pour apologie du terrorisme, regrettant qu'il «n'a rien d'autre à faire que de tweeter contre [elle]». Dans un entretien sur Al Jazeera Mubasher, mercredi, l'auteure franco-marocaine et ancienne membre de la rédaction de Charlie Hebdo est intervenue en arabe classique. Elle a rappelé que l'action en justice faisait suite à des propos qu'elle a tenus lors d'une interview avec le journal turc Nouvelle Aube, le 4 octobre dernier. «Je n'y ai dit que ce que ma conscience me dictait à propos de la guerre génocidaire qu'Israël mène à Gaza», a-t-elle affirmé. Dans l'entretien accordé à la déclinaison française du quotidien turc conservateur Yeni Safak, Zineb El Rhazoui a refusé de condamner l'attaque du Hamas du 7 octobre 2023 et a qualifié Israël d'«Etat terroriste» ou de «Daech qui a réussi», le Hamas étant un «mouvement de résistance» palestinien. Sur Al Jazeera Mubasher, la journaliste a dénoncé «la déshumanisation de la population palestinienne», dans le contexte de la guerre menée par l'occupation israélienne. Après son revirement pro-Palestine, Zineb El Rhazoui visée par une enquête de l'Intérieur Décrivant «une réalité effrayante», elle a également déploré «une tentative de dissimuler l'effondrement moral et éthique» de la France sur la liberté d'expression par rapport à la question palestinienne, de même que le blanchiment des actions d'Israël par un discours médiatique conciliant vis-à-vis de l'armée. Une «hypocrisie des doubles standards» occidentaux Dans ce sens, Zineb El Rhazoui a estimé que les poursuites à son encontre n'étaient «que la face visible» du ciblage des voix défendant la Palestine en France, entre «arrestations et harcèlement». «Nous sommes désormais face à l'hypocrisie des doubles standards dans les pays occidentaux, qui prétendent être démocratiques», a-t-elle encore affirmé. «Je faisais partie de ceux qui croyaient à la plus grande tromperie en France, à savoir l'égalité entre les religions, mais ce n'est pas vrai. La laïcité en France ne s'intéresse qu'à une seule religion», à savoir l'islam, remis en cause notamment dans le traitement médiatique de l'action menée le 7 octobre 2023 par le Hamas, déclare la journaliste. Dans le même contexte, Zineb El Rhazoui a souligné que le harcèlement dont elle dit faire l'objet avait commencé «il y a plus d'un an», notamment avec le retrait du Prix Simone Weil, qui lui a été décerné en 2019. En effet, ce revirement a fait suite à un tweet, dans lequel la journaliste a mis en avant le parallèle entre la Shoah et la guerre en cours dans la bande de Gaza. «Le prix Simone Weil, qui m'a été décerné au nom de la liberté d'expression, m'a été retiré lorsque j'ai exercé ma liberté d'expression», s'est-elle exclamée. Faisant écho à ce parallèle sur Nouvelle Aube, la journaliste a affirmé notamment qu'«il n'y a pas de civils en Israël, puisque tout le monde fait le service militaire, puisque tout le monde est un colon», dans un contexte où les civils palestiniens sont en proie à l'occupation israélienne, dans «un camp de concentration qui s'appelle Gaza».