La chaîne de télévision qatarie Al Jazeera a annoncé que les forces israéliennes avaient effectué, dimanche, une descente dans ses bureaux de Ramallah, en Cisjordanie occupée, et émis un ordre de fermeture de 45 jours. Un soldat israélien a déclaré au chef du bureau Walid al-Omari: "Il y a une décision de justice pour fermer Al Jazeera pendant 45 jours", a rapporté la chaîne, citant la conversation qui a été retransmise en direct. "Je vous demande de prendre toutes vos caméras et de quitter le bureau tout de suite", a poursuivi le soldat. Selon des images de la chaîne, les militaires sont entrés masqués et lourdement armés. Al Jazeera affirme qu'ils n'ont pas donné la raison de cet ordre de fermeture. Walid al-Omari a cependant précisé qu'Al Jazeera est accusé dans l'ordre de fermeture d'"inciter et de soutenir le terrorisme", selon ses propos rapportés par la chaîne. Le 12 septembre, le gouvernement israélien avait annoncé la révocation des cartes de presse de plusieurs journalistes d'Al Jazeera, quatre mois après avoir interdit sa diffusion et fermé son bureau en Israël le 5 mai. Le parlement israélien avait, pour ce faire, adopté début avril une loi lui permettant de prendre des mesures contre des médias étrangers "portant atteinte à la sécurité de l'Etat". Les fermetures de 45 jours sont renouvelables et la mise à l'arrêt d'Al Jazeera en Israël a été prolongée une quatrième fois par un tribunal de Tel Aviv le 11 septembre. Cette interdiction n'avait jusque-là pas affecté le travail de la chaîne en Cisjordanie ou dans la bande de Gaza, où les journalistes d'Al Jazeera sont présents pour couvrir la guerre entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas.
Une "violation flagrante de la liberté de la presse"
L'armée israélienne a accusé à plusieurs reprises des journalistes qataris présents à Gaza d'être des "agents terroristes" affiliés au Hamas ou au Jihad islamique, l'un de ses alliés. De son côté, Al Jazeera rejette les accusations israéliennes et affirme qu'Israël cible systématiquement ses reporters déployés dans la bande de Gaza. La fermeture du bureau de Ramallah "n'est pas une surprise", selon la correspondante d'Al Jazeera Nida Ibrahim, citée par la chaîne. "Nous avions entendu des responsables israéliens menacer de fermer le bureau (...) mais nous ne nous attendions pas à ce que cela se produise aujourd'hui", a-t-elle déclaré. Le service de presse du gouvernement à Gaza, dirigé par le Hamas, a condamné dimanche cette descente de l'armée israélienne, la qualifiant de "scandale retentissant" et de "violation flagrante de la liberté de la presse". En mai, Al Jazeera avait fustigé son interdiction d'opérer en Israël, évoquant une décision "criminelle". "Nous condamnons et dénonçons l'acte criminel d'Israël qui viole le droit d'accès à l'information", avait-elle affirmé dans un communiqué.