Entre hausses des températures, sécheresse prolongée et déficit de pluviométrie, l'année 2023 aura été celle de tous les records annonciateurs de changements climatiques majeurs au Maroc. Dans ce sens, le récent rapport de la Direction générale de météorologie (DGM) corrobore les prévisions scientifiques dans la région, le pays étant considéré comme un point chaud dans les dérèglements que connaît la Méditerranée. Avec une moyenne de températures quotidiennes supérieures à la normale pendant 79% des jours de l'année, 2023 est désormais considérée comme la plus chaude jamais enregistrée au Maroc, depuis le début du XXe siècle. Dans son récent rapport sur l'état du climat dans le pays, la Direction générale de météorologie (DGM) fait état de variations significatives à travers le royaume. «Sur les sommets du Haut et Moyen Atlas, la température a oscillé entre 4,8 et 12 °C», en phase avec «les conditions climatiques typiques de ces régions montagneuses». Dans le Rif, «la température s'est maintenue entre 12 et 16°C». Partout ailleurs, notamment les plaines et les zones côtières, «elle a varié entre 18 et 24°C». Les températures «particulièrement élevées» ont été enregistrées «sur les versants sud-est du pays, ainsi que dans les régions de Marrakech et de Laayoune Sakia El Hamra, où elles ont fluctué entre 22 et 24,9 °C». Ainsi, «la température moyenne annuelle a été généralement supérieure à la normale climatique, calculée sur la période de référence de 1981-2010», souligne le rapport. Il s'agit d'une tendance de «réchauffement», «particulièrement notable dans les régions de Chichaoua, Rehamna (plaines centre) et Tinghir (versant Est)», où l'anomalie de température moyenne «a excédé +3°C», note la même source, qui décrit «une variabilité climatique moins marquée» ailleurs mais qui reste «significative». Comme fait évocateur de cette évolution, l'année 2023 marque désormais un nouveau record national de 50,4°, enregistré en août à Agadir et dépassant les 50° pour la première fois au Maroc. Canicule au Maroc : Record historique de températures dépassant les 50° C à Agadir En effet, la DGM note «la température maximale moyenne annuelle a été généralement supérieure à sa normale climatique». Ce réchauffement a été très marqué dans des régions de «Marrakech, Beni Mellal, Agadir, Taroudant, Errachidia, Ouarzazate, Chefchaouen, Laayoune et Guelmim, où l'anomalie a excédé +3,5 °C». Cette tendance souligne «l'intensification du réchauffement climatique dans ces zones, avec des implications potentielles sur l'agriculture, notamment sur la viabilité des cultures et le stress hydrique», prévient la direction météorologique. La tendance se confirme également à travers un autre constat évocateur : en 2023, la température minimale moyenne a présenté «des variations notables» à travers les régions, tout en restant «anormalement chaude» sur la majorité du territoire, en comparaison avec la normale climatologique de la période de référence (1981 – 2010). Pour autant, quelques régions situées au nord, telles que Chefchaouen, Al Hoceiïma, Rabat, Kénitra, Nador, Taza et Guercif, ont dérogé à cette tendance avec des anomalies négatives allant jusqu'à -1,5 °C». Dans d'autres régions, les augmentations de la température minimale ont été plus marquées, variant entre +1 et +2,5 °C. Taourirt aura été la plus concernée, avec +2,65 °C selon la DGM. Le Maroc, un «point chaud» dans les changements climatiques régionaux [Etude] 2023, année la plus chaude, mais aussi la plus sèche en 80 ans En plus des changements des températures, la sécheresse inédite qui touche le pays depuis plusieurs années s'est accentuée en 2023. «L'année 2023 est l'année la plus chaude jamais enregistrée au Maroc, suivie par l'année 2022. Elle est également l'année la plus sèche depuis au moins 80 ans avec un déficit pluviométrique national atteignant les 48%», note la DGM. En 2023, la pluviométrie a ainsi connu «des cumuls inférieurs aux normales de la période de référence», révélant un déficit «notable». «Les zones du Tangérois et du Rif ont enregistré des précipitations entre 400 et 600 mm, des valeurs nettement moindres que les normales habituelles pour ces régions. Tanger, qui a affiché le cumul le plus élevé avec 588,1 mm, a tout de même connu une pluviométrie inférieure à sa normale qui est de 696,7 mm (-15%). Des écarts significatifs ont été observés à Chefchaouen et Tétouan où les cumuls respectifs de 383 mm et 369 mm se situaient bien en dessous de leurs normales respectives de 1018 mm (-62%) et 692 mm (-47%).» Rapport de la DGM Dans les zones «habituellement arides», Laâyoune et Dakhla ont «continué de présenter de faibles cumuls, ne dépassant pas les 100 mm». Dans la région, plusieurs stations ont ainsi affiché des cumuls «entre 100 et 400 mm», bien en-deçà de la normale. Ces chiffres confirment une «tendance à la sécheresse à travers l'ensemble du territoire national», selon la DGM. L'exception s'enregistre cependant à Errachidia, avec «un cumul pluviométrique de 128 mm qui surpasse légèrement sa normale» de 124 mm. Avec des barrages remplis à 29,2%, le Maroc connaît la pire sécheresse de son histoire Avec un déficit pluviométrique moyen de près de 35%, ces cinq dernières années (2019 – 2023) constituent d'ailleurs «la période la plus longue et la plus sévère des années consécutives sèches», selon la direction météorologique. Par sa situation géographique au confluent des climats méditerranéen, sec et semi-aride, le Maroc fait justement partie des régions les plus touchées par la sécheresse dans le monde. De précédentes études scientifiques sur les changements climatiques en Afrique du Nord ont prévu que le pays devrait se préparer à des hivers de moins en moins pluvieux.