Le secrétaire général de l'ONU met en garde contre une «escalade» au Sahara. Dans un nouveau rapport sur la situation dans le territoire, Antonio Guterres a souligné qu'«il est primordial de rétablir un cessez-le-feu», rompu par le Polisario le 13 novembre 2020. Antonio Guterres a adressé un nouveau rapport à l'Assemblée générale de l'ONU sur les développements survenus au Sahara, entre le 1er juillet 2023 et le 30 juin 2024. Le Portugais a souligné dans son texte, consulté par Yabiladi, que «pendant la période considérée la situation au Sahara occidental est restée caractérisée par des hostilités de faible intensité entre le Maroc et Front POLISARIO». Il a aussi fait état de «certains problèmes persistants dans l'environnement opérationnel de la MINURSO». Avec prudence, le secrétaire général est revenu sur les tirs de projectiles par des éléments du Polisario, sur des cibles civiles dans la ville d'Es-Smara. «Une enquête de la MINURSO a établi que, le 29 octobre (2023, ndlr), des roquettes explosives en provenance de l'Est avaient touché une zone habitée par des civils à Smara. Une personne aurait été tuée et trois autres blessées.» Antonio Guterres a noté que la mission onusienne a reçu des informations sur des frappes menées par les Forces armées royales (FAR) «à l'aide de drones aériens à l'Est du mur de Sable et a pu mener des enquêtes sur les lieux présumés en diverses occasions». Dans son récit, Guterres a fait l'impasse sur les missiles tirés par le Polisario, le 5 novembre 2023, tombés près de l'aéroport d'Es-Smara et un site d'observation des Casques bleus. Guterres met en garde contre une «escalade» Le secrétaire général des Nations unies a révélé que son «Représentant spécial pour le Sahara occidental et Chef de la MINURSO et le Commandant de la Force ont écrit, fin février, aux deux parties pour proposer une cessation des hostilités pendant le mois sacré du Ramadan. L'Armée royale marocaine a répondu le 26 février 2024 et réitéré son engagement à respecter le cessez-le-feu de 1991 tout en soulignant son droit de réagir face aux agissements du Front POLISARIO». En revanche, le mouvement séparatiste a estimé, dans sa réponse du 13 mars 2024, que «si l'on ne s'attaquait pas aux causes profondes de la rupture du cessez-le-feu de 1991, une cessation des hostilités revenait à méconnaître la réalité actuelle sur le terrain». Antonio Guterres n'a pas caché son pessimisme. «Je reste vivement préoccupé par l'évolution de la situation au Sahara occidental. Celle-ci a continué de se dégrader et il faut d'urgence inverser la tendance, notamment pour éviter toute nouvelle escalade», a-t-il reconnu. «La poursuite des hostilités et l'absence de cessez-le-feu entre le Maroc et le Front POLISARIO marquent un net recul dans la recherche d'une solution politique à ce différend de longue date. Il est primordial de rétablir un cessez-le-feu. Ce contexte difficile rend la négociation d'une solution politique à la question du Sahara occidental plus urgente que jamais, près de 50 ans après le début du conflit.» Antonio Guterres Dans son rapport, le secrétaire général a rappelé les visites effectuées par son envoyé personnel pour le Sahara occidental, Staffan de Mistura, dans la région en septembre 2023 et en février et avril 2024, en vue de convaincre les parties à reprendre le processus des négociations. La publication de ce nouveau rapport intervient alors que la France, un autre membre permanent du Conseil de sécurité après les Etats-Unis en décembre 2020, a reconnu la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental.