Bien avant la création de l'Etat algérien, le 5 juillet 1962, et celle du Polisario en Libye, Tanger avait accueilli, en mai 1962, la première réunion du Comité des 24 en dehors du siège de l'ONU à New York. Un pas suivi par l'inscription à l'initiative du royaume, de la question du Sahara à l'ordre du jour du C24, en 1963. Le Comité des 24 des Nations unies a tenu, les 10 et 11 juin 2024 à New York, une nouvelle session consacrée à l'examen de la question du Sahara occidental. Comme lors des précédentes éditions, la réunion n'a pas échappé aux traditionnelles passes d'armes entre les représentants du Maroc et l'Algérie. Des joutes verbales qui relèguent souvent au second plan, des faits historiques se rapportant à ce dossier et qui bénéficient au royaume. En effet, le 27 novembre 1961, quelques mois après la création du Comité des 24 par l'Assemblée générale des Nations unies, le Maroc avait proposé d'accueillir les membres de ce mécanisme «chargé d'étudier l'application de la Déclaration sur l'octroi de l'indépendance aux pays et aux peuples coloniaux», conformément à la résolution n°1514 du 14 décembre 1960. Une proposition acceptée, sachant que le Maroc était parmi les 38 Etats d'Afrique et d'Asie coauteurs de la résolution 1514. Du 21 au 25 mai 1962, Tanger avait accueilli la première réunion du Comité des 24 qui se tenait en dehors du siège des Nations unies à New York. Les représentants des pays qui formaient alors le tour de table de cette instance onusienne étaient ensuite conviés à une rencontre à Fès avec le roi Hassan II. Aux moments de ces faits, l'Algérie était encore sous colonisation française et Mouammar Kadhafi n'avait pas encore mis fin à la monarchie en Libye, avec le coup d'Etat du 1er septembre 1969, pour ensuite accueillir la création du Polisario en 1972. Des vérités historiques que l'ambassadeur Omar Hilale avait rappelées lors de son intervention au séminaire régional du C24 pour les Caraïbes, organisé en mai 2017 à Saint Vincent et les Grenadines. Capitalisant sur le succès diplomatique de la réunion de Tanger, le royaume a décidé de frapper à la porte de l'ONU, en inscrivant en 1963 la question du Sahara occidental à l'ordre du jour du C24. Le 16 octobre 1964, le Comité a regretté que «la puissance administrante n'a pas encore pris de mesures pour appliquer la Déclaration (du 14 décembre 1960) dans ces territoires». Le texte a également prié le secrétaire général de l'ONU de communiquer à l'Espagne la teneur de la résolution et d'informer le Comité sur les mesures prises par «la puissance administrante en vue de l'application de la présente résolution». Au cours des débats, le représentant de la Mauritanie a proposé d'intégrer «une recommandation tendant à favoriser des négociations directes entre les deux pays intéressés, à savoir l'Espagne et la Mauritanie, en vue de la libération du Sahara espagnol dans le cadre de l'unité territoriale de la Mauritanie». En revanche, l'ambassadeur marocain de l'époque a affirmé la disposition du royaume au dialogue avec l'Espagne sur l'avenir de la province. Pour rappel, en 1964, Rabat n'avait pas encore reconnu l'indépendance de la Mauritanie et bloqué son adhésion à la Ligue arabe. Ce n'est qu'en 1969 que le roi Hassan II décide de lever son véto, au grand dam du Parti de l'Istiqlal. Le régime du général Franco a répondu, à sa manière, aux requêtes de l'ONU en organisant en 1963 au Sahara des élections municipales et en lançant en 1967 l'Assemblée sahraouie (la Jamaa). C'était bien avant la création du Polisario.