Avec l'appui de l'Algérie, le Polisario célèbre ne l'«annulation» par Pedro Sanchez de son soutien au plan marocain au Sahara. Le discours du chef de gouvernement espagnol a-t-il modifié la position de Madrid sur ce dossier ? Après avoir courtisé le chef du Parti Populaire, Alberto Núñez Feijóo, le Polisario change son fusil d'épaule. Le Front se félicite, désormais, du discours de Pedro Sanchez prononcé lors de la 78e session de l'Assemblée générale des Nations unies. «C'est un point fondamental qui donne au moins une justification légitime à l'espoir que le Premier ministre espagnol, au cours de la dernière période, soit parvenu aux conclusions nécessaires selon lesquelles il est dans l'intérêt de l'Espagne, de la région et des Nations unies que Madrid revienne à sa position traditionnelle et assumer sa responsabilité historique, juridique et morale envers le Sahara occidental», a indiqué dans déclarations à la Radio d'Algérie (officielle), le représentant du Polisario en Suisse, Oubi Bachir. Le responsable a qualifié le soutien du chef de l'exécutif espagnol au plan marocain d'autonomie au Sahara, annoncé le 18 mars 2022, de «coup d'Etat» qui a «porté un grave préjudice à la réputation internationale de l'Espagne et à son engagement politique et historique envers le peuple sahraoui et l'ensemble du Maghreb». Oubi Bachir avait déjà exprimé sur les réseaux sociaux les mêmes propos au lendemain du discours du Premier ministre espagnol. «L'Espagne est favorable à une solution politique mutuellement acceptable, dans le cadre de la Charte des Nations unies et des résolutions du Conseil de sécurité». Des médias algériens et du Polisario se sont félicités de l' «annulation» par Pedro Sanchez de son appui à l'initiative marocaine d'autonomie. Albares avaut pourtant coupé court aux interprétations erronées L'allocution du Premier ministre espagnol devant la 78e session de l'Assemblée générale de l'ONU est pourtant identique à celle prononcée, l'année dernière, par Pedro Sanchez depuis la même tribune. «L'Espagne appui une solution politique, mutuellement acceptée dans la cadre de la Charte des Nations unies et des résolutions du Conseil de sécurité», avait-il précisé. Et comme en 2019, 2020, 2021 et 2022, le chef de l'exécutif avait fait l'impasse sur le «droit à l'autodétermination du peuple du Sahara occidental» et «l'organisation d'un referendum» au Sahara. Mieux encore, pour couper court à toutes les interprétations erronées, le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Albares, a réitéré, au lendemain du discours de Pedro Sanchez à l'ONU et depuis New York, que «l'ensemble de la feuille de route convenue dans la Déclaration hispano-marocaine lors de la réunion de haut niveau de février est en train d'être respectée». L'ouverture de la nouvelle page dans les relations entre Rabat et Madrid fait suite au soutien de Pedro Sanchez au plan marocain d'autonomie au Sahara. Pour rappel le président algérien avait manifesté, en septembre 2022, la même satisfaction suite à l'allocution de Pedro Sanchez à l'ONU. «L'Espagne a commencé à revenir à la décision européenne sur la question du Sahara occidental», s'était félicité Abdelmadjid Tebboune lors d'une réunion avec les walis et les gouverneurs. Depuis, aucun revirement n'a été constaté de la part du chef de l'exécutif espagnol sur ce dossier. Pour rappel, il y a une dizaine de jours, le même Oubi Bachir a fait un appel du pied en direction du Parti Populaire espagnol. Le Front a émis le souhait que «le prochain gouvernement espagnol révise le soutien» de Pedro Sanchez à la position marocaine. Un appui qu'il a qualifié de «violation juridique évidente de la souveraineté du peuple sahraoui et du statut juridique du territoire du Sahara occidental», a-t-il indiqué lors d'une rencontre organisée à Genève, en marge de la nouvelle session du Conseil des Droits de l'Homme de l'ONU, sur «la responsabilité historique de l'Espagne» au Sahara.