Le Comité sénatorial permanent des droits des personnes au Canada a récemment indiqué que dans les sphères publiques, il est difficile de faire face à l'islamophobie. Particulièrement visibles, les femmes portant le voile sont les plus vulnérables. Présidente du comité, la sénatrice Salma Ataullahjan a fait état, auprès de La Presse canadienne, de «traumatismes intergénérationnels, parce que les jeunes enfants en sont témoins». Elle insiste que «le problème est plus grave que ne le suggèrent les statistiques». La crainte des musulmans d'être pris pour cible se multiplie, si ces derniers ont déjà «subi une attaque islamophobe, s'ils en ont été témoins ou s'ils ont perdu un être cher à cause de la violence». Certaines femmes ont même eu «peur de sortir de chez elles» et ont rencontré des difficultés pour emmener leurs enfants à l'école, souligne la même source. Cette forme de violence vise la communauté musulmane plus que d'autres groupes. Selon Statistique Canada, les crimes de haine visant les musulmans et signalés à la police ont en effet connu une augmentation 71%, entre 2020 et 2021. Le taux s'établit à 8 incidents pour 100 000 membres de cette communauté. Les données du comité sénatorial ont été recueillies dans ce contexte, à partir de juin 2021, après que quatre membres d'une même famille musulmane ont été tués par une camionnette, lors de leur promenade à London (Ontario). Le mis en cause a été accusé de meurtre terroriste. D'après le comité, la montée de l'extrême droite et des groupes antimusulmans est un facteur expliquant la recrudescence et l'intensité de la violence de ces actes. «La fusillade de 2017 dans une mosquée du Québec, lors de laquelle un tireur a tué six fidèles et en a blessé plusieurs autres, est un autre exemple d'islamophobie violente», commente la présidente de l'instance. Les entretiens menés par le comité auprès des musulmans du pays ont été réalisés à Vancouver, Edmonton, Québec et le Grand Toronto. Des Canadiens fréquentant les mosquées, des musulmans victimes d'attentats, des enseignants, des médecins et des responsables de la sécurité ont été entendus dans ce cadre. La version finale de ces travaux devrait être rendue publique en juillet prochain. Des conclusions seront formulées et des recommandations seront levées au gouvernement, pour lutter contre l'islamophobie et soutenir les victimes d'attentats.