A l'aide d'un modèle d'équilibre général calculable, quatre chercheurs du Policy Center for the New South (PCNS) se sont penchés sur le projet de voie express Tiznit-Dakhla pour étudier son impact. Ils démontent ainsi comment ce projet permettra d'améliorer, promouvoir l'intégration territoriale et accélérer le développement économique des régions du sud et du Maroc. Annoncée initialement pour 2021, la voie express reliant Tiznit à Dakhla sera achevée l'année prochaine. Grand projet du nouveau modèle de développement des provinces du sud, il consiste en le doublement et l'élargissement de la route nationale reliant ces deux villes sur 1 055 km, pour un coût estimé à environ 10 milliards de dirhams. Alors que le taux d'exécution des travaux dépasse 80%, la nouvelle voie express aura un impact positif sur l'accessibilité, l'économie et l'infrastructure non seulement des régions qu'elle traverse, mais également ceux du Maroc, voire même du continent africain, indique cette semaine un Research Paper du Policy Center for the New South (PCNS). Profiter au Sahara et aux régions limitrophes Intitulé «Valuing the Economic Cost of Remoteness : A Case Study of the Tiznit-Dakhla Expressway in Morocco», ses rédacteurs ont examiné de plus près les impacts potentiels du projet à l'aide d'un modèle d'équilibre général calculable (SCGE). Pour les quatre chercheurs, «Cette voie express devrait réduire le temps et le coût de transport des personnes et des marchandises tout en impactant positivement et directement une population de plus de 2,2 millions d'habitants répartis sur dix provinces dans 4 régions». «La fluidité du trafic, la sécurité et le confort devraient également être améliorés», rappellent-ils. Le modèle utilisé dans l'étude de cas a permis «d'estimer les impacts du projet sur les variables régionales et nationales, à la fois à court et à long terme». «Les variables d'intérêt retenues sont le PIB réel et la consommation réelle des ménages. L'impact du projet sur ces deux variables peut être décomposé en trois dimensions : l'intégration nationale, l'accès aux fournisseurs étrangers et l'accès aux marchés étrangers», explique-t-on. Ainsi, pour l'accessibilité, l'étude estime que l'amélioration de celle-ci «due à l'autoroute Tiznit-Dakhla profite principalement aux provinces du Sahara marocain, car la région améliore sa connexion avec les espaces économiques plus développés et plus denses de l'économie nationale». «Dans certains cas, à l'extrême sud, l'accessibilité s'améliore de plus de 60% (provinces de Laâyoune et Es-Semara/Tarfaya)», ajoute-t-on. Grâce au projet, les simulations indiquent qu'à court terme, l'impact sur le PIB réel et la consommation réelle des ménages au niveau national ne dépassera pas 0,0027% et 0,0009%, respectivement. À long terme, «les impacts du projet deviennent plus importants et s'étendent au reste du pays au-delà du Sahara». Dans ce sens, l'étude estime que la construction de la voie express Tiznit-Dakhla pourrait augmenter le PIB réel de 0,0322% et la consommation réelle des ménages de 0,0908% au niveau national. Renforcera la dimension africaine et atlantique du Maroc Au niveau régional, les régions les plus touchées à court terme seront celles du sud, où se situe le projet. «Le projet pourrait augmenter le PIB régional réel de 0,1516% dans la région de Dakhla-Oued Eddahab, de 0,0462% dans la région de Laâyoune-Sakia El Hamra et de 0,0121% dans la région de Guelmim-Oued Noun» alors que «les impacts sur la consommation réelle des ménages dans les trois régions seront respectivement de 0,0656%, 0,0307% et 0,0076%», poursuit la même source. À long terme, les impacts les plus élevés continuent d'être observés dans les régions du sud mais aussi dans d'autres régions du pays. «En termes agrégés, l'investissement dans la voie express Tiznit-Dakhla a le potentiel de générer une croissance du PIB réel à court terme, qui est amplifiée à long terme, avec des effets régionaux hétérogènes», résument les quatre chercheurs. Pour eux, alors que «les résultats montrent que la productivité marginale des investissements est amplifiée à long terme», les autres secteurs de l'économie marocaine «généreraient (…) entre 486 et 713 millions de dollars dans les différentes filières productives bénéficiant d'une meilleure accessibilité du/au Sahara marocain dans les 20 années suivant le démarrage des opérations des liaisons de transport améliorées». «Tout en améliorant l'accessibilité, l'autoroute Tiznit-Dakhla représentera une avancée dans la promotion de l'intégration territoriale et l'accélération du développement économique des régions du sud», résument l'étude, ajoutant que cette voie express «peut être considérée comme une première étape dans le développement de projets d'infrastructures transnationaux africains pour renforcer le commerce intra-africain en relation avec la mise en place de la Zone de libre-échange continentale africaine (AfCFTA) et la création de le marché commun africain». «Ce projet d'infrastructure renforcera la dimension africaine et atlantique du Maroc et le choix stratégique du Maroc de contribuer à l'émergence d'un pôle économique africain au service du partage de la prospérité sur le continent», conclut-on.