Après un silence de dix années et quelques mois, l'ancien eurodéputé écologiste français, José Bové, sort du bois. Il se dit victime d'une tentative de corruption «quand il était rapporteur de la Commission du Commerce extérieur au Parlement européen entre 2009-2014», raconte-t-il ce vendredi dans un appel téléphonique de sa part à la Radio France Inter. Dans son récit, Bové a mis en cause le chef du gouvernement marocain, Aziz Akhannouch, mais sans apporter de preuves étayant ses dires. «En tant que rapporteur sur l'accord de libre-échange sur les fruits et légumes avec le Maroc, je m'étais opposé à ce projet parce qu'il était nuisible pour les producteurs marocains et européens (…) mais le ministre marocain de l'Agriculture de l'époque, Aziz Akhannouch, aujourd'hui Premier ministre, ne supportait pas mon opposition», indique-t-il. L'ex-eurodéputé avance que la partie marocaine lui aurait proposé un «cadeau» en échange de son silence. A la question de l'animateur de l'émission si c'était de l'argent, José Bové ironise : «Ce n'était pas une théière, c'est clair, c'était ça.» Il explique avoir fourni aux Marocains une adresse pour se réunir et recevoir leur «cadeau» mais le lieu qu'il a indiqué était le bureau de son avocate. Selon sa version, le projet de corruption s'est arrêté à ce niveau. L'histoire racontée par Bové n'a pas eu l'adhésion de Thierry Breton, Commissaire européen au Marché intérieur, invité de France Inter. «S'il a des témoins, il lui appartient de le dénoncer et peut-être pas uniquement à la radio», a-t-il déclaré. Pour rappel, le Parlement européen avait voté, le 16 février 2012, l'accord de libéralisation des produits agricoles par 369 voix contre 225, et 31 abstentions, désavouant ainsi les recommandations de José Bové. A l'issue du vote, le Français avait demandé la parole pour exiger le retrait de son nom du dossier. Il n'y a pas que Bové qui, soudainement, a retrouvé la mémoire pour porter des accusations contre le Maroc. En témoigne la réaction de l'ancienne eurodéputée portugaise du Parti socialiste, Ana Gomes, qui a pointé du doigt sur Twitter tous les Etats européens qui ont accepté de conclure des accords avec le Maroc, intégrant le Sahara occidental. Des médias belges affirment que le Maroc est cité dans les investigations sur l'affaire du «Qatargate».