Les travaux de la journée scientifique réunissant les compétences marocaines du monde et les experts du secteur de l'eau, sous l'égide du CCME et de l'Université Mohammed VI polytechnique se sont clôturés, ce vendredi, par la publication de la Déclaration de Benguérir, qui lève des recommandations pour une meilleure gestion des ressources hydriques. La journée scientifique «Gouvernance de l'eau et gestion de sa rareté : défis et priorités», qui a mis en lumière la contribution des compétences marocaines du monde pour répondre au défi du stress hydrique dans le pays, s'est clôturée par la Déclaration de Benguérir pour la gestion de l'eau. Ce vendredi 21 octobre, les participants ont émis leurs recommandations, à l'issue d'une série de travaux initiés par le Conseil de la communauté marocaine à l'étranger (CCME) et l'Université Mohammed VI polytechnique (UM6P). Dans cette déclaration qui acte l'engagement et la synergie entre les compétences marocaines de l'étranger et les experts nationaux dans le domaine de l'eau, entre chercheurs, décideurs et spécialistes de la question, les participants ont indiqué leur engagement à mettre leur savoir-faire à la disposition du pays, afin de «renforcer le rôle de l'effort collectif dans la proposition de solutions réalistes permettant au Maroc de faire face à la crise sans précédent de l'eau», exacerbée par les dérèglements climatiques. «La politique de l'eau doit être un pilier fondamental dans l'élaboration des projets de développement et des politiques nationales, tout en garantissant la justice de l'eau et le droit à l'eau pour tous les citoyens», indique le document. Dans ce sens, les participants «appellent à la nécessité d'améliorer la gouvernance de l'eau et d'adopter une approche globale, basée sur une démarche participative incluant l'éducation, la formation, la recherche scientifique, les compétences, la dimension des infrastructures, du cadre juridique, du renforcement des capacités, la mise à jour et le partage des données, ainsi que la communication et l'évaluation pour changer les politiques et les comportements face à la ressource hydrique et à la rareté de l'eau». Les signataires ont, par ailleurs, souligné leur appréciation quant à la volonté politique de s'appuyer sur les compétences, la recherche scientifique et l'innovation comme socle de référence pour la mise en place de politiques publiques dans le domaine de l'eau et de la réponse aux dérèglements climatiques. Ils préconisent, à cet effet, que «des mesures procédurales et pratiques soient prises». Pour eux, la multiplicité des compétences marocaines de renommée internationale dans le domaine constitue «un gain important pour le Maroc, qui peut s'appuyer sur une expertise marocaine d'ici et d'ailleurs, à la fois en tant que force de proposition, de conseil et en tant qu'acteurs capables de sceller des partenariats stratégiques et des programmes de financement de projets». Maroc : Les compétences MRE proposent des réponses à la sécheresse Dans ce contexte, les participants recommandent de créer un espace d'échange, de réflexion et de dynamique scientifique entre les compétences marocaines du monde et les experts marocains du pays, spécialistes dans le domaine de l'eau et des changements climatiques, tout en incluant leurs homologues des sciences sociales, humaines et économiques, dans le cadre d'un think tank. Ils préconisent aussi l'institutionnalisation du réseau d'experts pour constituer une force de proposition qui accompagne les politiques de l'eau et les procédures associées à la préservation des ressources hydriques et la gestion de la rareté de cette ressource naturelle. Plus de fermeté dans la gestion des projets à impact environnemental Les signataires ont aussi souligné la nécessité d'adopter des conditions contraignantes, pour que les grands projets structurants intègrent la composante du changement climatique dans leurs études en amont et leurs phases de projets. Ils recommandent également de concentrer les investissements et les efforts sur l'amélioration de la gestion de la demande en eau, compte tenu du potentiel limité d'augmentation de l'offre. Ils appellent, par ailleurs, à enforcer le rôle de la recherche scientifique dans le développement, en termes de politiques de l'eau, tout en définissant les priorités, en soutenant les universités et les centres de recherche, afin d'innover dans les technologies et les pratiques, notamment le dessalement de l'eau, le traitement et la réutilisation des eaux usées, les énergies renouvelables ou le pompage régulé de l'eau dans l'agriculture. S'agissant de l'épuisement de la nappe phréatique et des eaux souterraines, les participants ont appelé à la prise de «mesures fermes», considérant que ces sources constituent «le réservoir stratégique et la ressource ultime en eau au Maroc». Ils préconisent notamment d'activer les lois relatives à la protection de ces ressources, «en établissant des mécanismes pour reconstituer la nappe phréatique, lutter contre les forages excessifs et rationaliser l'utilisation des eaux souterraines». Ils proposent ainsi de «lier l'autorisation des projets à des rapports précis sur les impacts et les conditions environnementales où les chantiers se réalisent». Enfin, la déclaration souligne «la nécessité de revoir les investissements agricoles qui appauvrissent les ressources hydriques, en les réorientant vers le recours à des technologies modernes et alternatives, pour assurer la préservation des ressources en eau».