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Maroc : Les compétences MRE proposent des réponses à la sécheresse au stress hydrique
Publié dans Yabiladi le 21 - 10 - 2022

Le Conseil de la communauté marocaine à l'étranger (CCME) et l'Université Mohammed VI polytechnique (UM6P) tiennent une journée scientifique sur le thème «Gouvernance de l'eau et gestion de sa rareté : défis et priorités». Cette rencontre met en avant le rôle des compétences marocaines de l'étranger, en vue de trouver des réponses structurelles à cette problématique dans le pays.
Dans le cadre des cycles de rencontres avec les compétences marocaines de l'étrangers et les experts nationaux de différents domaines, le Conseil de la communauté marocaine à l'étranger (CCME) et l'Université Mohammed VI polytechnique (UM6P) tiennent, ce vendredi 21 octobre, une journée scientifique sur le thème «Gouvernance de l'eau et gestion de sa rareté : défis et priorités» à Benguérir. La conférence aborder plusieurs axes de la question, dans une démarche de contribueront efficace au débat public, en plus de l'identification des priorités et la proposition de solutions pratiques à la sécheresse.
Secrétaire général du CCME, Abdellah Boussouf a déclaré à Yabiladi que cette journée «réunit les compétences marocaines d'ici et d'ailleurs autour de la question de l'eau, dans le cadre du discours royal du 20 août, où le Roi Mohammed VI a appelé à l'inclusion des compétences marocaines du monde en créant des mécanismes d'interaction avec elles», ainsi que le discours d'ouverture de la première session de la deuxième année législative de la onzième législature, où «Sa majesté a insisté sur la question de l'eau, du stress hydrique et de la sécheresse que vit notre pays». «Le roi a ainsi appelé l'ensemble des acteurs à se pencher sur cette problématique dont nous sommes tous concernés, pour l'étudier et présenter les solutions possibles», a-t-il ajouté.
Par cette initiative, en partenariat avec l'UM6P, l'idée est aussi de «joindre les efforts d'implication des compétences marocaines à l'étrangers dans le développement national et ceux d'apporter les réponses adéquates au défi de l'eau», ajoute le responsable auprès de notre rédaction. Lors de cette journée scientifique, les experts MRE participants sont «issus de 12 pays et travaillent dans 44 institutions internationales, spécialisées dans la gestion hydrique», en plus d'experts et de responsables nationaux.
Par ailleurs, il s'agit de «partager les savoir-faire pour trouver des réponses dans le contexte du Maroc, dans une démarche aussi de réseautage, avec l'espoir de se rendre utiles à l'innovation dans ce secteur et peut-être inspirer d'autres pays, au niveau régional et continental, où cette problématique reste saillante», déclare encore Abdellah Boussouf.
Les travaux de cette rencontre portent notamment sur les politiques de développement et les ressources en eau, la gouvernance de l'eau, l'utilisation de l'eau non conventionnelle par le dessalement, l'adoption de la technologie d'ensemencement pluvial et la réutilisation des eaux usées traitées dans l'agriculture et l'irrigation. Les échanges portent aussi sur la sécurité hydrique et alimentaire, en relation avec l'amélioration de l'efficacité de l'eau dans le secteur agricole et la problématique de la durabilité de l'agriculture irriguée.
Trouver des réponses en croisant les expertises
Les spécialistes échangeront également sur l'apport des compétences des Marocains du monde dans les domaines de l'eau, du changement climatique et de l'innovation, face à l'état de stress hydrique structurel au Maroc. Les questions du financement, des partenariats et du renforcement des capacités d'investissement dans la communication, la sensibilisation, la recherche scientifique et la formation sont aussi à l'ordre du jour. L'intérêt est tout autant porté sur le droit à l'eau et les aspects sociaux associés aux solutions alternatives, face à une sécheresse sans précédent, exacerbée par les dérèglements climatiques.
Cette rencontre scientifique se tient d'ailleurs à l'UM6P, située à Benguerir, dans une région particulièrement touchée par la sécheresse et le stress hydrique, mettant en péril l'accès à l'eau potable dans certaines zones. Depuis quelques mois, les autorités régionales de Marrakech-Safi ont d'ailleurs pris une série de mesures, pour la rationalisation de l'utilisation des ressources hydriques. Mais ces décisions, dans le cadre de politiques publiques, doivent aller de pair avec la contribution des scientifiques et des experts, afin de mettre en place de nouvelles pratiques à différents niveaux.
Directeur de l'International water research institute et professeur-chercheur à l'UM6P, Abdelghani Chehbouni a déclaré à Yabiladi que «le Maroc en général et la région en particulier sont en train de vivre une période de sécheresse extrêmement prononcée, que nous n'avons pas connues au bout des trente dernières années». «Aujourd'hui donc, tout le monde est appelé à trouver des solutions, d'où l'initiative conjointe de l'UM6P et du CCME de réunir un panel d'experts, d'ici ou d'ailleurs, de la diaspora qui répond toujours à l'appel du pays, autour de la question complexe de l'eau», a-t-il indiqué.
«Les solutions passent à la fois par l'innovation en termes de traitement et de dessalement de l'eau, dont le coût énergétique est considérable. C'est là où l'innovation intervient, avec la mise en place de techniques de dessalement moins gourmandes en énergie», souligne le chercheur. L'autre aspect de cette question est «la réutilisation et le traitement des eaux usées, possible techniquement, malgré le coût énergétique, pour l'eau potable comme pour l'agriculture».
«Au sein de l'université, nous avons des équipes de recherche qui travaillent sur cette thématique, ainsi que sur la rationalisation des eaux de l'irrigation. Nous avons là aussi des techniques d'intelligence artificielle, de façon à mieux gérer cette eau, qui consomme 87% des eaux disponibles au Maroc.»
Abdelghani Chehbouni, UM6P
Pour le chercheur, cette rencontre «doit aboutir à la mise en place d'un groupe de concertation dont le rôle sera d'éclairer le processus de formulation des politiques publiques». «On ne peut plus prendre de décision dans ce domaine, si elle n'est pas basée sur l'innovation. Cette dernière se retrouve dans les universités, dont l'UMP6 qui coordonne ce groupe d'experts marocains d'ici et d'ailleurs, de façon à structurer la contribution de ce groupe aux politiques publiques», a-t-il plaidé.
Dans ce sens, «l'Université est ouverte aux autres établissements supérieurs», notamment avec la mise en place d'un consortium inter-universitaire depuis deux ans, avec l'Université Cadi Ayyad de Marrakech, Ibn Zohr d'Agadir, Sultan Moulay Slimane de Beni Mellal, Mohammed V de Rabat, Ibn Tofaïl de Kénitra. «L'objectif est réellement de réunir la masse critique, de façon à ce qu'on puisse tous ensemble répondre aux questions de développement qui se posent au Maroc comme à toute l'Afrique, aujourd'hui et demain», ajoute encore Abdelghani Chehbouni.
Avec le CCME également, «ce partenariat est annonciateur d'autres avec l'université, afin d'attirer les compétences MRE dans d'autres domaines d'expertise, notamment la santé», indique pour sa part Abdellah Boussouf.


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