Après avoir tiré la sonnette d'alarme sur le niveau de chômage des jeunes au Maroc [cf notre article], la Banque mondiale, dans son dernier rapport sur le développement dans le monde, dénonce «l'injustice» qui règne dans le marché de l'emploi au royaume chérifien. Au Maroc, comme dans plusieurs pays en développement, les liens familiaux, plutôt que le mérite, «peuvent influencer les revenus du travail», note le dernier rapport de la Banque mondiale [BM] sur le développement dans le monde 2012. Selon l'institution, cette réalité est à l'une des causes du soulèvement de la jeunesse un peu partout dans le pays. Outre cela, la BM dénonce «l'injustice» qui règne concernant l'accès aux emplois. «Au Maroc, après contrôle de l'éducation, le statut social, et d'autres facteurs, les personnes dont les pères ne travaillent pas dans le cadre du secteur formel ont nettement moins de chances d'avoir un emploi dans ce secteur», relève le rapport. Le taux de chômage des diplômés du supérieur s'élevait encore à 17% en 2009 dans le royaume, selon le rapport. Ce pourcentage est 3,7 fois plus élevé chez les jeunes ayant arrêté leurs études dès le primaire. Aujourd'hui, 30% des jeunes marocains âgés de 15 à 29 ans sont au chômage, d'après des données du HCP [Haut commissariat au plan]. Des statistiques qui ont sérieusement provoqué l'inquiétude de l'institution mondiale au sujet de l'emploi des jeunes au Maroc. D'ailleurs, la vice-présidente de la BM pour la région MENA, Inger Andersen, en visite au Maroc début septembre, a tiré la sonnette d'alarme. Solution : créer des emplois dans le privé Au Maroc, comme dans plusieurs pays en voie de développement tels que la Tunisie et l'Egypte, «de nombreux emplois se trouvent dans l'agriculture et dans de très petites entreprises», note la BM dans son rapport. En effet, le secteur seul, au Maroc, emploie plus de 4 millions de ruraux et crée environ 100 000 postes d'emplois dans le domaine de l'agro-alimentaire. Mais très souvent, la plupart de ces ruraux se consacrent à la petite agriculture ou travaillent à leur propre compte, fait savoir la BM qui déplore les faibles revenus et parfois irréguliers qui en découlent. Le rapport de la BM présente de manière générale un tableau peu reluisant de l'emploi dans les pays en développement. Pour rétablir l'équilibre, l'institution préconise la création de 600 millions de nouveaux emplois pour absorber l'accroissement la population en âge de travailler, et ce, principalement en Asie et en Afrique subsaharienne. Le problème d'emploi au Maroc est une véritable gangrène sociétale qui est au cœur des revendications de la jeunesse. Le gouvernement Benkirane avait très vite adopté de nouvelles mesures pour l'admission au sein de la fonction publique : concours obligatoire. Dans le privée, la chose reste encore au gré des employeurs. La majorité des entreprises privées étant souvent familiales, il reste encore à faire.