En France, bien que le niveau de l'éducation augmente d'une génération à l'autre au sein des familles issues de l'immigration, la part des diplômés du supérieur accédant aux professions intermédiaires ou supérieures n'est toujours pas la même selon les origines, selon une étude de l'INED basée sur la deuxième enquête «Trajectoires et origines» (TeO2). Les premiers résultats de la deuxième enquête «Trajectoires et origines» (TeO2), élaborée par l'Institut national d'études démographiques et l'Institut national de la statistique et des études économiques en France, permettent notamment de s'intéresser à l'immigration sous différents angles. Publiée il y a quelques jours, une étude de l'Institut national d'études démographiques (INED) est revenue sur les niveaux d'éducation entre familles issues de l'immigration. Elle a tenté de répondre à la question de savoir si les enfants réussissent mieux que leurs parents et leurs ascendants. L'étude révèle qu'au-delà de l'âge de 30 ans, quand les études sont généralement terminées, la progression la plus notable du diplôme s'observe entre les parents immigrés (première génération) et leurs enfants nés en France (2e génération). Dans ces familles, quand on compare le plus haut diplôme des deux parents à celui des enfants, on observe que la proportion de diplômés du supérieur passe de 1 sur 20 à près d'un tiers. Un taux qui reste «encore loin des 43 % de diplômés du supérieur que comptent les descendants de natifs (ceux qui n'ont pas d'ascendants immigrés avant la 4e génération). Toutefois, «s'en rapprochent cependant les personnes nées en France de couples mixtes, avec 41% de diplômés du supérieur, et les petits-enfants d'au moins un immigré avec 44 %». «Il suffit donc que l'un des parents soit né en France pour que le niveau de diplôme rattrape celui du reste de la population», ajoute-t-on. La progression effectuée depuis la génération précédente montre cependant que les enfants d'immigrés réalisent la plus importante progression, en raison notamment «de la faiblesse du niveau scolaire initial». Dans ce sens, plus de 70 % obtiennent un diplôme plus élevé que celui de leurs parents. «La marge de progression se réduit autour de 55 % quand l'un des parents n'a pas migré ou que la migration des ascendants est plus ancienne», explique l'étude. De la discrimination pour l'accès aux professions intermédiaires ou supérieures Celle-ci reconnait que «la génération des enfants est scolarisée à une période et dans une société où les études supérieures sont plus fréquentes, ce qui explique pour partie ces différences entre générations», mais note que «la progression intergénérationnelle et la convergence avec les descendants de natifs varient sensiblement selon l'origine des familles». Ainsi, pour les familles originaires du Maghreb et d'Europe du Sud, alors que les parents ont très rarement un diplôme du supérieur (moins de 3%), plus d'un tiers des enfants en possèdent, d'où le pourcentage élevé d'enfants plus diplômés que les parents : respectivement 70% et 80%. «Cette forte progression en une génération ne s'explique pas seulement par la faible diffusion de l'enseignement supérieur dans les pays d'origine, mais aussi par la forte mobilisation des parents immigrés en faveur de la réussite scolaire des enfants», ajoutent les rédacteurs de l'étude. Toutefois, lorsqu'il est question d'observer l'accès aux professions intermédiaires ou supérieures, l'étude montre une persistance de la discrimination aux fils des générations. Ainsi, les diplômés du supérieur nés d'un ou deux parents d'origine extra-européenne sont nettement moins nombreux à accéder à des professions intermédiaires ou supérieures : 63 % pour les originaires du Maghreb, 67 % pour ceux d'Asie et 71 % pour ceux du reste de l'Afrique. En revanche, la part des diplômés du supérieur qui accèdent à ces professions s'élève à 77 % pour les descendants de natifs et à 75 % pour les petits-enfants d'immigrés européens, ajoute-t-on. «Une part de l'explication de ces écarts selon l'origine tient aux discriminations à l'embauche régulièrement mesurées», reconnaissent les rédacteurs de l'étude qui concluent que «la détention d'un diplôme du supérieur ne garantit pas un accès égal au marché du travail selon l'origine migratoire» et que la mobilité éducative, bien qu'elle favorise la mobilité sociale, «ne la garantit pas».