La ségrégation des immigrés est une réalité en France. Elle est plus vive à l'encontre des Maghrébins, Subsahariens et les Turcs. Toutefois, les enfants de ces immigrés nés dans l'Hexagone ont moins de problèmes pour s'intégrer dans la vie socioprofessionnelle. En France, 42 % des immigrés du Maghreb, de Turquie et d'Afrique subsaharienne se situent dans les 10 % des quartiers où le taux de chômage est le plus élevé. Ils sont généralement concentrés dans les habitations à loyer modéré (HLM). C'est ce qui ressort de l'enquête «Trajectoires et origines» réalisée conjointement par l'Institut national des études démographiques (Ined) et l'Institut national des statistiques et études économiques (Insee), entre septembre 2008 et février 2009. «Les résultats sont frappants : les immigrés déclarent près de trois fois plus souvent (47 %) loger dans un quartier dont au moins la moitié des habitants est d'origine immigrée par rapport à la population majoritaire (16%)», constate le rapport. La nouvelle génération, mieux intégrée Si toutefois, la ségrégation des immigrés du Maghreb, de Turquie et d'Afrique sub-saharienne est la plus forte (42 % dans 10 % des quartiers les plus précarisés), celle de leurs enfants est moins élevée (35 %). En effet, selon l'enquête, les descendants d'immigrés sont moins concentrés dans les quartiers défavorisés, montrant ainsi une dynamique d'intégration résidentielle. Selon l'enquête, en 2007, 30,6 % d'immigrés venaient du Maghreb, 12,3 % d'Afrique subsaharienne et 12,3 % de Turquie. Ils représentaient ainsi près de la moitié des 5,1 millions d'immigrés en France métropolitaine. La ségrégation a, cependant, légèrement progressé en Île-de-France, de 1990 à 1999, pour les immigrés marocains, algériens et turcs mais a stagné pour les immigrés d'Afrique subsaharienne et reculé pour les immigrés tunisiens. Scolarisation et Emploi L'enquête «Trajectoires et origines» révèle une ségrégation scolaire chez les immigrés et fils d'immigrés. Les familles de la population majoritaire useraient de stratégies pour éviter d'inscrire leurs enfants dans les écoles fréquentées par beaucoup d'enfants d'immigrés. Il révèle également un sentiment d'injustice au niveau des fils et filles d'immigrés originaires du Maroc ou de Tunisie, de Turquie, d'Afrique subsaharienne et d'Algérie. En ce qui concerne l'emploi, si la première génération d'immigrés était constituée d'ouvriers, la seconde l'est moins. Les fils d'immigrés vivent «une forme de mobilité socioprofessionnelle». Ils accèdent à un emploi d'ouvrier qualifié. Tandis que les filles d'immigrés sont avant tout des employées. «La répartition socioprofessionnelle des descendantes d'immigrés n'est pas la même que celle des hommes descendants d'immigrés: 55% d'entre elles sont employées, 22% professions intermédiaires, 11 % ouvrières et 9 % cadres».