Une enquête de l'Ined (Institut National d'Etudes Démographiques) et de l'Insee (Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques) vient de mettre en lumière d'importantes réalités sur les immigrés en France. Des réalités hélas ignorées par une bonne partie de la société française. La société française connait-elle réellement les immigrés qui vivent dans l'Hexagone ? Les résultats de l'enquête «Trajectoires et Origines» livrent en tout cas d'importantes révélations sur cette composante de la population française. Publiée ce mardi 19 octobre, l'enquête a pris le point de vue de 22.000 personnes, immigrés et non immigrés. Elle fait savoir en somme que «le niveau de qualification des immigrés et des filles d'immigrés a augmenté». Les inégalités, surtout en ce qui concerne l'accès à l'emploi, «persistent». Conséquence : le sentiment d'exclusion reste très prononcé chez les enfants des immigrés. Des immigrés plus touchés par le chômage. Globalement, l'écart avec la population majoritaire n'est pas si grand. En 2008, 11 % des hommes immigrés entre 18 et 50 ans étaient au chômage, contre 9 % de la population non issue de l'immigration. Mais ces écarts se creusent en fonction de la nationalité. «On constate un risque de chômage double de celui des personnes de la population majoritaire pour les immigrés d'Algérie, du Maroc ou de Tunisie, d'Afrique subsaharienne et les descendants d'immigrés d'Algérie» souligne Bertrand Lhommeau de l'Insee. De plus, leurs salaires sont 10% moins élevés pour ceux qui trouvent un emploi. L'étude n'a pas manqué de prendre en considération lors des investigations le milieu social des personnes interrogées, le niveau d'études, le sexe, mais aussi la génération. Ce qui permet d'avoir un large aperçu sur plusieurs thématiques. En ce qui concerne la nationalité par exemple, 42 % des immigrés sont devenus Français. Un immigré sur cinq et un descendant sur trois déclarent une double nationalité. Ce qui ne les empêche pas de vivre encore la discrimination. En effet, pour ce qui touche au logement, 13 % des immigrés ont le sentiment d'avoir connu une discrimination. Et 70% invoquent la couleur de peau ou l'origine comme motif. Ce qui est très loin d'être le cas pour les mariages mixtes, un phénomène très répandu. En effet, 40 % des immigrés ayant rencontré leur conjoint après la migration vivent en couple mixte. Autre information que révèle l'étude, alors que 30 % des descendants d'immigrés cohabitent avec leurs parents, seuls 18 % des «Français de souche» adoptent ce mode de vie. Sur le plan politique cette fois, les descendants d'immigrés du Maghreb et d'Afrique subsaharienne font savoir avoir une orientation politique plus tournée vers la gauche. Autant d'indications rares qui, espèrent les auteurs de l'enquête, aideront «à combler les lacunes» sur les questions d'intégration et d'immigration à l'heure où la France adopte des politiques de plus en plus drastiques à l'encontre des immigrés.