Le Maroc reste encore le premier producteur mondial de cannabis, selon le rapport de l'Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC), publié il y a quelques jours. Au premier rang des principaux pays d'origine et de départ de la résine de cannabis, il cède toutefois sa première place à l'Espagne s'agissant des saisies. L'Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC) a rendu public, il y a quelques jours, son rapport annuel mondial sur les drogues, à l'occasion de la Journée internationale contre l'abus et le trafic de drogues, célébrée chaque 26 juin. Comme pour les éditions précédentes, le rapport de cette année cite le Maroc à plusieurs reprises. Ainsi, le royaume figure, cette année, derrière l'Espagne pour ce qui est des quantités de résine de cannabis saisies par pays, 2020, avec moins de 450 tonnes. Il est aussi au premier rang des principaux pays d'origine et de départ de la résine de cannabis tels que rapportés par les Etats membres pour la période 2016-2020. Le Maroc continue même de surclasser l'Afghanistan, selon le document. Le Maroc figure toutefois à la 7e place en manière des quantités d'herbe de cannabis saisies par pays en 2020, derrière l'Inde, les Etats-Unis, le Brésil, la Colombie, l'Egypte et le Paraguay. Pour les experts de l'office onusiens, les saisies et d'autres données suggèrent que «la majeure partie du trafic de résine de cannabis se fait du Maroc vers l'Espagne et de l'Afghanistan vers d'autres pays d'Asie occidentale». «L'Espagne est la principale porte d'entrée des marchés d'Europe occidentale et centrale. La résine de cannabis du Maroc est également destinée à d'autres pays d'Afrique du Nord», ajoute-t-on. Un impact sécuritaire et environnemental L'ONUDC rappelle, dans ce sens, que «la région sahélienne de l'Afrique a été affectée par des conflits et sa volatilité a été exploitée par des trafiquants de drogue cherchant à éviter les contrôles stricts aux frontières entre le Maroc et l'Espagne et l'Algérie». «La principale drogue faisant l'objet d'un trafic est la résine de cannabis, principalement produite au Maroc pour les marchés de consommation en Europe et au Moyen-Orient et trafiquée le long des routes sahéliennes», ajoute-t-on. Pour le rapport, «il y a de plus en plus de preuves que la route du Sahel est utilisée pour le trafic de résine de cannabis», alors que «le Groupe d'experts du Conseil de sécurité sur le Mali signale plusieurs cas dans lesquels d'importants envois de résine de cannabis transitant du Maroc vers la Libye ont provoqué des affrontements meurtriers entre des groupes de la région, potentiellement constituant des violations du cessez-le-feu». Toujours pour le cannabis, le rapport dédie une partie à l'impact de cette culture sur l'environnement au Maroc. Ainsi, dans la région du Rif où est cultivée la majeure partie du cannabis du pays, «la culture illégale, de plus en plus intensive et souvent monoculture, a entraîné une pression environnementale accrue sur un système écologique déjà fragile sous la forme de déforestation, de pénurie d'eau et de perte de biodiversité, au cours des dernières décennies». «La culture intensive du cannabis dans le Rif a fait de la région le plus grand utilisateur d'engrais et de pesticides du secteur agricole au sens large du pays. Cependant, aucune recherche n'a été menée pour mesurer les effets en termes de pollution de l'eau», expliquent les experts du l'ONUDC. Ceux-ci reconnaissent aussi que la culture traditionnelle du cannabis a exercé «une pression accrue» sur les ressources en eau dans cette région. Si les données sur les autres drogues n'ont pas été disponibles, le rapport évoque cependant le trafic de cocaïne, en expliquant comment le royaume s'est transformé, considéré autrefois comme pays de transit, se transforme en destination. «Les données sur les saisies de plusieurs pays suggèrent que les cargaisons de cocaïne en transit par le Maroc vers l'Europe sont arrêtées sur leur chemin vers le Maroc ou par les autorités marocaines, ce qui explique pourquoi le pays est signalé comme destination plutôt que comme pays de transit, bien que le pays ne soit pas la destination finale prévue des cargaisons de cocaïne», explique-t-on. D'ailleurs, pour la période 2015-2021, la Belgique a été le principal pays de destination en Europe pour la cocaïne saisie en Afrique. Des saisies effectuées principalement au Bénin et au Maroc, rappelle le rapport.