Alors que les saisies se succèdent et les surfaces plantées de cannabis continuent d'être éradiquées, la baisse de production au Maroc n'a pas encore eu d'impact sur le trafic de drogue, indique l'ONUDC. Ses experts s'inquiètent aussi de la consommation de cocaïne et de «crack» parmi les jeunes marocains. L'Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC) a rendu public la semaine dernière son rapport annuel mondial sur les drogues, où le Maroc est cité à plusieurs reprises. Ainsi, c'est dans le pays que les autorités locales ont annoncé la plus grande saisie de cannabis en Afrique en 2017, écrivent les auteur du document, rappelant que le royaume (première place) est suivi par l'Egypte et le Nigéria. «Les données sur les saisies et les informations qualitatives sur les tendances suggèrent qu'il y a eu une baisse du trafic de résine de cannabis au Maroc en 2017, bien que cela n'ait pas encore eu d'impact sur le trafic ultérieur sur les marchés de consommation de résine de cannabis», précise la même source. Le cannabis marocains représente 83% des produits saisis dans la sous-région Une baisse du trafic qui impacte l'Espagne ayant déclaré une «tendance stable», tandis que la France et plusieurs autres pays européens ont signalé une augmentation des activités de trafic de résine de cannabis en 2017. Quant au trafic de résine de cannabis du Maroc via l'Algérie et à destination de la Libye, il a également diminué. «La quantité de résine de cannabis saisie en Algérie en 2017 a diminué de plus de 50% par rapport à l'année précédente et de 75% par rapport à 2013», note le rapport. «Entre 2013 et 2017, le Maroc, où environ 47 000 hectares auraient été cultivés en cannabis, a été mentionné dans près d'un quart des cas en tant que principal pays d'origine de la résine de cannabis saisie dans le monde. L'Afghanistan a ensuite été désigné comme pays d'origine de la résine de cannabis dans un cinquième des cas.» Rapport de l'ONUDC Le document indique que la résine de cannabis produite au Maroc est principalement destinée à d'autres marchés d'Afrique du Nord. Ainsi, «le Maroc figure comme pays d'origine dans 83% des cas signalés par les pays de la sous-région» et d'Europe occidentale et centrale (43% des cas). «Une partie de la résine de cannabis d'origine marocaine est également acheminée vers l'Europe de l'est et le sud-est de l'Europe», poursuivent les rédacteurs du rapport. Celui-ci précise que pour le plant de cannabis, la surface cultivée au Maroc est passée de 47 000 hectares en 2016 à 47 500,00 ha en 2017, tandis que la superficie éradiquée a augmenté de 395 ha à 523 ha en 2016. Pour l'herbe, correspondant aux fleurs séchées non traitées du plant de cannabis, la production est passée de 35 652,83 tonnes en 2016 à 35 702,90 tonnes en 2017 alors que pour la résine (le haschich), elle a augmenté de 713 tonnes en 2016 à 714,06 tonnes en 2017. Si, globalement, le cannabis reste la drogue la plus saisie dans le monde, d'autres drogues ont été signalées au Maroc. Ainsi, dans la partie réservée pour le trafic de tramadol, le rapport de l'ONUDC rappelle que le Maroc a déclaré avoir saisi 40 millions d'unités de tramadol en 2017, expédiées de l'Inde par bateau dans des conteneurs et destinées à la Guinée et à d'autres pays d'Afrique de l'Ouest. Les chiffres inquiétants de consommations de cocaïne parmi les jeunes marocains Pour ce qui est de l'utilisation non médicale de sédatifs et de tranquillisants, le document déplore, citant des enquêtes récentes menées auprès d'élèves du secondaire, que la prévalence de l'utilisation non médicale de tranquillisants, principalement des benzodiazépines, est de 2,3% en 2017 parmi les élèves marocains âgés de 15 à 17 ans au Maroc. Quant à la cocaïne, le document signale que 3,4 tonnes ont été saisies au Maroc, en Afrique du Sud et au Nigéria en 2017. C'est au Maroc que la plus grande quantité de cette drogue a été saisie récemment, rappelle le document, qui précise que le royaume est suivi par l'Afrique du Sud et la Guinée-Bissau. «Le Maroc a déclaré avoir saisi 120 kg de cocaïne en 2015, 1,6 tonne en 2016 et 2,8 tonnes en 2017, y compris un seul envoi de 2,6 tonnes de cocaïne en provenance du Brésil, saisi en octobre 2017. Une autre grande saisie l'année suivante, une tonne de pâte de cocaïne à El Jadida, en décembre 2018, appartenant à un réseau de contrebande de cocaïne d'Amérique latine et à destination de l'Europe.» Rapport de l'ONUDC Le Maroc est ainsi concerné par 86% de la totalité de la cocaïne saisie en Afrique en 2017. Le pays a indiqué que 90% de celle-ci avait été expédiée par voie maritime, contrairement au reste de l'Afrique. Mais c'est la consommation de cette drogue parmi les Marocains qui inquiète. Par ailleurs, «1,2% des garçons et 0,4% des filles âgées de 15 à 17 ans parmi les interrogés ont déclaré avoir consommé au cours de l'année écoulée de la cocaïne en 2016». «En outre, 0,7% des garçons et 0,1% des filles ont déclaré avoir consommé, au cours du dernier mois, de la cocaïne ou du 'crack' 80», poursuit-on de même source. Ils sont 39% à déclarer l'avoir fait une seule fois, tandis que 35% évoquent une utilisation de «deux à cinq jours au cours du mois précédant». La fréquence de consommation est plus élevée chez les consommateurs de crack, avec 38% ayant déclaré avoir consommé cette substance entre deux et cinq jours et environ 35% sur au moins 10 jours au cours du mois précédent», conclut le rapport.