Dans le TOP 10 des pays ayant saisi les plus grandes quantités de drogue l'année dernière, le Maroc est cité comme «la source la plus fréquemment mentionnée de résine de cannabis interceptée dans le monde», selon le rapport annuel de l'Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC). L'Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC) a rendu public, jeudi, son rapport annuel mondial sur les drogues, publié à l'occasion de la Journée internationale contre l'abus et le trafic de drogues, célébrée chaque 26 juin. Le Maroc est cité à plusieurs reprises. Ainsi, dans l'édition 2021, il figure dans le TOP 10 des pays ayant effectué les plus grandes saisies de résine de cannabis dans le monde. «Si l'on considère une période plus longue (2009-2019), les pays ayant saisi les plus grandes quantités totales étaient, dans l'ordre des quantités saisies, les Etats-Unis, le Mexique, le Paraguay, la Colombie, le Nigéria, le Maroc, le Brésil, l'Inde et Egypte», indique-t-on. «Les plus grandes quantités de résine de cannabis ont été saisies par l'Espagne, suivie du Maroc, de l'Afghanistan, du Pakistan et de la République islamique d'Iran» en 2019, poursuit le rapport plus loin. Le Maroc, source et champion des saisies Toutefois, le Royaume reste l'un des plus grands exportateurs de cette drogue. «La résine de cannabis commercialisée dans le monde provient principalement du Maroc et d'Afghanistan», reconnait l'office, en avançant que le Royaume «représentait plus d'un cinquième de toutes les mentions 'pays d'origine' dans les réponses au questionnaire du rapport annuel dans le monde au cours de la période 2015-2019». «Il continue d'être la source la plus fréquemment mentionnée de résine de cannabis interceptée dans le monde», ajoute-t-on. En 2019, poursuit le rapport, les autorités du Royaume ont signalé quelque 21 000 hectares de culture de cannabis (principalement cultivés dans la région du Rif), contre 25 000 ha en 2018. Un constat qui se répercute aussi sur la consommation locale de cannabis. Dans ce sens, le rapport rappelle que «parmi les étudiants âgés de 15 à 17 ans dans les pays d'Afrique du Nord, la prévalence de la consommation de cannabis au cours de l'année écoulée variait entre 5 % au Maroc (chiffres de 2017) et 2,5 % en Tunisie (2016) et en Egypte (2016)». Quant aux autres drogues, le document indique que les saisies de cocaïne en Afrique montrent que le transit de la drogue à travers la région pourrait avoir augmenté. Ainsi, «la quantité de cocaïne saisie en Afrique a presque quadruplé de 2018 à 2019 et a été multipliée par huit par rapport à 2009, pour atteindre près de 13 tonnes, soit un record (0,9% du total mondial)». De plus, environ 11,1 tonnes, soit quelque 86 % de la cocaïne saisie en Afrique en 2019, ont été signalées par des pays d'Afrique de l'Ouest et du Centre, en particulier Cabo Verde (11 tonnes), suivis par les pays d'Afrique du Nord (1,8 tonne ou 14 % du total africain), en particulier le Maroc (1,5 tonne). Le Royaume est aussi considéré comme «pays de transit» du trafic de cocaïne acheminée vers l'Europe. Covid-19 et trafic de drogue Comme l'année dernière, le rapport s'intéresse à l'impact de la pandémie du nouveau coronavirus sur la consommation et le trafic de drogue. «L'analyse suggère que la pandémie a entraîné des difficultés économiques croissantes susceptibles de rendre la culture de drogues illicites plus attrayante pour les communautés rurales fragiles», met-il en garde. L'UNODC révèle ainsi que «le trafic de résine de cannabis au Moyen-Orient et en Afrique du Nord n'a peut-être pas été perturbé par la fermeture des frontières pendant la pandémie». «La majeure partie de la résine de cannabis introduite en contrebande vers l'Europe passe par le nord du Maroc jusqu'en Espagne, mais elle peut également transiter par des ports en Algérie, en Tunisie et en Libye avant d'être acheminée vers l'Europe du Sud-Est», constate-t-il. «Pendant la pandémie, les réseaux criminels ont peut-être ouvert de nouvelles routes en utilisant des convois de camions à travers le sud du Maroc. Les pays d'Afrique du Nord ont observé une augmentation du trafic de drogue le long des routes maritimes, ce qui indique que la tendance croissante à utiliser l'Afrique du Nord comme région de transit pour le trafic de drogue maritime s'est poursuivie pendant la pandémie.» Extrait du rapport Les trafiquants de résine de cannabis ne sont pas les seuls à opter pour les voies maritimes. En effet, selon les données sur les saisies, le trafic de cocaïne utilisant des conteneurs maritimes s'est également poursuivi en 2020, peut-être à un niveau encore plus élevé qu'en 2019. «Cela suggère qu'il y a eu peu ou pas de perturbation du trafic de cocaïne vers l'Europe au cours de la phase initiale de la pandémie», drogue qui transite par le Maroc. Ainsi, en janvier 2021, deux cargaisons importantes de cocaïne à destination du Maroc ont été saisies en Colombie et au Brésil, s'élevant respectivement à 1 539 kg et 460 kg, rappelle le document. «L'utilisation croissante des routes de trafic maritime doit être interprétée dans le contexte de l'importance croissante de ces routes en Afrique du Nord au cours des dernières décennies, non seulement pour le cannabis, mais aussi pour la cocaïne», conclut le rapport.