Le gouvernement a justifié, jeudi 14 novembre, la réduction significative du budget de l'Instance nationale de probité, de prévention et de lutte contre la corruption (INPPLC) pour l'année 2025, invoquant des raisons qualifiées de «naturelles.» Mustapha Baitas a affirmé lors de la conférence de presse hebdomadaire, que toute nouvelle instance voit son budget initialement élevé en raison des coûts liés aux infrastructures, au matériel et à la mise en place. Selon lui, ces dépenses diminueraient naturellement avec le temps. Il a ajouté : «Le matériel requis lors de la première année n'est pas le même que celui des années suivantes. C'est ce qui a entraîné la baisse du budget de l'INPPLC pour l'année prochaine.» Cette justification ne convainc personne, alors que Aziz Akhannouch a exprimé publiquement ses réticences par rapport au dernier rapport de l'INPPLC qui épingle son action pour renforcer la transparence publique. Une diminution de 60 millions de dirhams, soit près de 22 %, entre 2024 et 2025 ne saurait s'expliquer uniquement par une réduction des dépenses en matériel ou en infrastructure. Il s'agit d'une décision «revancharde, punitive et pénalisante» qui «touche le cœur même des capacités opérationnelles de l'instance, remettant en question son efficacité future», selon une source proche du dossier. Baitas a cherché à minimiser les retombées de cette réduction en déclarant qu'il ne s'agissait pas d'un «véritable» abaissement, mais plutôt d'une adaptation aux besoins réels de l'instance. Le budget global de l'INPPLC pour 2025 s'élève à 210,17 millions de dirhams, contre 269,38 millions en 2024. Une diminution aussi importante ne saurait être réduite à une simple «adaptation» logistique. Par ailleurs, Baitas a insisté sur le caractère constitutionnel de l'instance, affirmant qu'elle devait remplir ses missions conformément aux lois qui l'encadrent. Or, comment une institution déjà critiquée pour son manque d'efficacité pourrait-elle mener à bien ses missions avec un budget en baisse constante ? La lutte contre la corruption est une priorité affichée par le gouvernement marocain. Toutefois, cette réduction budgétaire envoie un signal contradictoire, voire inquiétant, sur l'engagement réel de l'exécutif à renforcer cette instance clé. En affaiblissant les moyens financiers de l'INPPLC, le gouvernement pourrait limiter sa capacité à lancer des enquêtes approfondies, à renforcer ses infrastructures régionales ou à recruter les compétences nécessaires pour son bon fonctionnement.