L'Algérie trahi, une nouvelle fois, son «statut d'observateur» au Sahara occidental. Ainsi, Alger n'a pas tardé à répondre à la main tendue par le chef du gouvernement espagnol. Le voisin de l'Est conditionne le retour de l'ambassadeur algérien à Madrid à la présentation par Pedro Sanchez de «clarifications préalables et franches pour reconstruire une confiance sérieusement abîmée», a déclaré l'envoyé de l'Algérie pour le Sahara occidental et les pays du Maghreb, Amar Belani. Le diplomate a estimé que les propos du chef de l'exécutif, appelant l'Algérie à tourner la page des tensions, sont «formulés avec une légèreté déconcertante, qui correspondent à la volonté de s'auto-absoudre de la lourde responsabilité personnelle dans l'adoption de ce surprenant revirement sur la question du Sahara occidental qui rompt avec la position d'équilibre traditionnelle de l'Espagne». Belani a réitéré que «l'Espagne a une responsabilité particulière, tant sur le plan moral que juridique en sa qualité de puissance administrante de juré (statut rappelé en 2014 par l'Audiencie Nationale) et en sa qualité de membre du Groupe des amis du Sahara occidental auprès du Secrétaire général des Nations unies». En effet, la haute cour de Madrid avait affirmé, en juin 2014, que «l'Espagne demeure la puissance administrante du Sahara occidental (…) jusqu'à la fin de la période de décolonisation». Une décision prise alors par le juge Fernando Grande Marlaska, l'actuel ministre de l'Intérieur. Néanmoins, cette version contredite par la teneur de la lettre adressée le 26 février 1976 par le représentant permanent de l'Espagne auprès des Nations unies au secrétaire général de l'ONU. Un message que le gouvernement a présenté, en 2020 et 2021, pour répondre à des questions écrites de députés de la formation basque EH Bildu et Ciudadanos. «Depuis cette date (1976), l'Espagne avait annoncé la fin de sa présence dans le territoire du Sahara occidental. L'Espagne ne figure pas en tant que puissance administrante dans la liste des territoires non autonomes des Nations unies», avait indiqué l'exécutif Sanchez. Au lendemain de l'annonce, le 18 mars par le cabinet royal, du soutien de Pedro Sanchez à l'initiative marocaine d'autonomie au Sahara occidental, l'Algérie a rappelé son ambassadeur à Madrid pour consultations. C'est ainsi le seul pays a avoir agi aussi radicalement envers Madrid.