Le gouvernement espagnol ne se limite pas à demander à l'Union européenne d'être généreuse avec le Maroc sur le dossier de la migration. Il vient d'adopter une position proche de celle du Maroc sur la question du Sahara. «L'Espagne n'est pas considérée la puissance administrative du Sahara occidental dans les résolutions annuelles de l'Assemblée générale» des Nations unies. C'est ce qu'a déclaré le chef de la diplomatie espagnole, Josep Borrell, à l'occasion de son passage le 25 octobre devant la commission des affaires étrangères du Sénat espagnol. Une position en totale contradiction avec celle prise par l'Audience nationale à Madrid. En juin 2014, ce tribunal espagnol à compétence nationale avait statué sur la question, affirmant que «l'Espagne demeure la puissance administrative du Sahara occidental (…) jusqu'à la fin de la période de la décolonisation». Une décision prise avec le consentement du juge Fernando Grande Marlaska, alors membre de l'Assemblée nationale, qui occupe actuellement le poste de ministre de l'Intérieur au gouvernement Pedro Sanchez. Hier, Josep Borell a rappelé devant les sénateurs espagnols que le pays ibérique ne figure pas en tant que «puissance administrative du Sahara sur la liste des territoires non-autonomes». «C'est important de le signaler pour connaître nos responsabilités vis-à-vis de ce territoire», a-t-il précisé en réponse à une question d'un sénateur des Iles Canaries. L'Espagne «appuie les efforts du secrétaire général» Souvent, le verdict de l'Assemblée nationale espagnole servait d'arguments pour les partis et les associations demandant aux gouvernements Rajoy et Sanchez d'«assumer leurs responsabilités historiques» envers la population du Sahara. Durant son intervention du jeudi, le ministre espagnol des Affaires étrangères a botté en touche sur toutes les questions du sénateur sur ce sujet, comme le rapporte Tercera Informacion. En revanche, il s'est limité de rappeler ses rencontres avec «des Algériens et des Marocains». Le chef de la diplomatie espagnole s'est déplacé à Rabat en juin avant de se rendre à Alger en septembre dernier, dans le cadre de deux visites officielles. Borrell a par ailleurs réitéré que son pays «appuie les efforts du secrétaire général» de l'ONU. «Pratiquement, c'est la meilleure [voie], pour ne pas dire l'unique, que nous pouvons emprunter», a-t-il noté. Le Catalan a affirmé que son gouvernement «s'aligne sur les positions des Nations unies». Et d'ajouter que «le secrétaire général [de l'ONU] n'a pas sollicité [l'aide de l'Espagne] pour la relance des négociations entre les parties». Même si le sénateur des Iles Canaries a pris tout son temps lors de la présentation de son réquisitoire à l'encontre du Maroc, Josep Borell lui a répondu en seulement 1 minute et dix secondes, conclut le média espagnol.