Deux compagnies britanniques, Genel Energy et Cairn Energy, viennent de conclure à moins d'une semaine d'intervalle deux accords qui leur octroient le droit d'explorer les ressources en hydrocarbures (gaz et pétrole) des zones offshore de Sidi Moussa et de Foum Draa, au large des côtes marocaines. Simple mouvement spéculatif ou attrait des ressources marocaines ? Qui a dit que l'offshore vivait ses dernières heures de gloire au Maroc ? Certainement pas les sociétés britanniques Genel Energy et Cairn Energy. Les deux compagnies viennent de signer, à moins d'une semaine d'intervalle, deux accords qui leurs octroient le droit d'explorer respectivement les blocs offshore de Sidi Moussa et de Foum Draa, au large des côtes marocaines. Genel Energy a ouvert le bal en signant, vendredi 24 août, un accord avec l'Office national des hydrocarbures et des mines (ONHYM) qui l'autorise à explorer les ressources en pétrole et en gaz de 60% de la zone offshore de Sidi Moussa. A peine cinq jours plus tard, mardi 28 août, sa consœur d'Edimbourg, Cairn Energy, lui emboîte le pas en obtenant 50% des permis de la zone offshore de Foum Draa, située à une centaine de kilomètres des côtes marocaines, au sud-ouest d'Agadir. «En contrepartie, la compagnie versera 1,5 million de dollars et assumera les coûts de forage du premier puits à hauteur de 60 millions de dollars», précise l'agence d'information Ecofin au sujet de Cairn Energy. Le montant est assez comparable aux 50 millions de dollars (430 millions de dirhams) que s'apprête à débourser Genel Energy pour l'acquisition de son permis d'exploration. Combinés, ces deux contrats devraient donc rapporter plus de 110 millions de dollars US (près de 900 millions de dirhams) au Maroc. Ils permettront également aux deux groupes pétroliers d'établir leur première tête de pont au nord-ouest de l'Afrique. Stratégies spéculatives ... Ces deux investissements concomittant pourrait relever d'un pur mouvement spéculatif visant à doper, par effet d'annonce, le cours des actions des deux entreprises. Plusieurs éléments abondent dans le sens de cette hypothèse. Les deux firmes ont officialisé la nouvelle de leurs investissements le jour même où elles rendaient publiques le rapport semestriel de leurs états financiers. Cairn a annoncé que ses pertes avant-impôts ont reculé de 50 millions de dollars sur les six premiers mois de l'exercice en cours. Quant à Genel Energy, elle a tenu à rassurer ses actionnaires en les informant qu'entre le 1er janvier et le 30 juin 2012, l'entreprise a enregistré un cash-flow positif d'1,8 millions de dollars. De bons rapports financiers associés à de nouveaux investissements constituent deux bonnes nouvelles pour les actionnaires. En envoyant ces signaux positifs à l'endroit de leur actionnariat, le management des deux entreprises cherche-t-il ainsi à faire oublier les tensions passées, notamment du côté de Cairn, où la publication en mai dernier du rapport annuel des rémunérations des dirigeants de la compagnie avait provoqué de vives réactions parmi les actionnaires ? ... ET réelles opportunités Le Maroc offre également de réelles opportunités aux entreprises d'extraction pétrolière, selon l'analyse de M'hammed El Mostaine, directeur de l'exploration pétrolière au ministère de l'Energie, des Mines, de l'Eau et de l'Environnement. «Bien que prometteurs, les bassins sédimentaires marocains, tant à l'onshore qu'à l'offshore, sont sous explorés […] et là où ils sont explorés, ces bassin ont produits des hydrocarbures», indique-t-il dans un rapport d'étude, publié en 2008, intitulé «l'Exploration au Maroc : des potentialités peu explorées». La marge passive de l'offshore est très étendue au large de cotes du pays, avec 300 000 km² exploitables. Une évaluation indépendante, effectuée en mars, par le groupe Netherland, Sewell & Associates (NSAI) a évalué les ressources des licences de Foum Draa et de Sidi Moussa à 2,1 milliards de barils et 1000 milliards de pc de gaz, rapporte Ecofin. Une manne énergétique qui a de quoi attirer la convoitise des producteurs d'hydrocarbures. «Le Maroc est devenu un nouvel eldorado pour les grands groupes d'exploration ambitieux du fait notamment d'une meilleure connaissance de la géologie des cotes ouest-africaines», souligne le site d'investissement australien proactiveinvestors.com. Le royaume possède, en outre, de nombreux avantages qui font défaut aux autres pays producteurs de pétrole de la région MENA. En plus de sa stabilité politique, le Maroc offre aux entreprises extractrices d'hydrocarbures l'un des régimes fiscal «les plus attractifs au monde», selon proactiveinvestors.com, car l'Etat marocain ne reçoit que 25 % des parts de chaque projet, plus 5% de royalties si du gaz est produit, 10%, s'il s'agit de pétrole. Les entreprises qui font la découverte d'un gisement sont aussi exonérées d'impôts sur 10 ans. Au final le gouvernement marocain ne prélèvera donc jamais plus que 35% des bénéfices récoltés. «Comparé à son voisin algérien, où les autorités prélèvent 92% des bénéfices sous la forme de taxes, vous comprendrez vite pourquoi les IDE fondent sur le Maroc», conclu le site d'investissement australien.