L'Algérie continue de hausser le ton contre l'Espagne. Après les menaces proférées par le secrétaire général du ministère algérien des Affaires étrangères, le PDG du groupe Sonatrach vient d'apporter sa petite pierre à l'opération. Les responsables algériens se relaient pour protester publiquement contre l'appui de Pedro Sanchez à l'initiative marocaine d'autonomie au Sahara occidental. Il ne passe pas un jour sans qu'ils agitent une nouvelle menace contre le gouvernement espagnol. Cette fois, c'est au tour du PDG du groupe Sonatrach, Toufik Hakkar, d'adresser un message dans ce sens à Madrid, rapporte l'APS. «Depuis le début de la crise en Ukraine, les prix du gaz et du pétrole explosent. L'Algérie a décidé de maintenir, pour l'ensemble de ses clients, des prix contractuels relativement corrects. Cependant, il n'est pas exclu de procéder à un recalcul des prix avec notre client espagnol», a déclaré le responsable, vendredi à Alger. Une possible révision qui devrait bénéficier aux Etats-Unis, d'autant que depuis la fermeture du gazoduc Maghreb-Europe, décidée fin octobre par le président algérien, Abdelmadjid Tebboune, les exportations de gaz américain vers l'Espagne suivent une courbe ascendante. En février, le voisin du Nord a produit 12 472 gigawattheures (GWh) d'électricité à partir de gaz provenant des Etats-Unis, soit 32,9% du total des importations de ce produit, contre 8 801 à l'Algérie, soit 23,2%, indiquent des statistiques officielles de la société Enagás, chargée du maintien et du développement des infrastructures gazières en Espagne. L'Algérie veut mettre le cap sur l'Italie Les propos du PDG du groupe Sonatrach sont sortis du même moule que les récentes déclarations du secrétaire général du ministère des Affaires étrangères, Chakib Rachid Kaïd. «Il est clair que l'Algérie va réviser tous les accords avec l'Espagne, dans tous les domaines, pour voir comment la relation évolue à l'avenir», a-t-il souligné dans des déclarations à la presse. Le diplomate a, d'ailleurs, invité ses «amis espagnols» à revenir sur le soutien au plan marocain d'autonomie au Sahara occidental. La semaine dernière, c'est sous couvert d'anonymat qu'une «source officielle algérienne» a déclaré au quotidien El Confidencial, que son pays envisage de «privilégier l'Italie comme centre névralgique du gaz dans le sud de l'Europe au détriment de l'Espagne». Et d'annoncer dans les semaines à venir «une réponse globale et multiforme à plusieurs niveaux au changement de position de l'Espagne sur le dossier du Sahara». La présidence de la république algérienne a annoncé, vendredi 1er avril, qu'Abdelmadjid Tebboune s'est entretenu au téléphone avec le Premier ministre italien, Mario Draghi. L'échange a porté essentiellement sur les approvisionnements du marché italien en quantités suffisantes du gaz, via le gazoduc transméditerranéen qui alimente l'Italie, via la Tunisie. Une délégation de la société italienne des hydrocarbures ENI est attendue dimanche en Algérie.