Prenant au sérieux la menace des partisans du Polisario sur la reconnaissance de la marocanité du Sahara par les Etats-Unis, le royaume a lancé, dés le début 2021, une réorganisation de son réseau de lobbying. La défaite du président Donald Trump aux élections du 4 novembre 2020, a contraint le Maroc à revoir son réseau de lobbying aux Etats-Unis. Depuis, il a entrepris une réorganisation des groupes défendant ses intérêts dans ce pays. Le premier acte de cette opération a été donné seulement trois jours avant l'investiture de Joe Biden à la magistrature suprême. Le 17 janvier 2021, le ministère marocain des Affaires étrangères mettait un terme à son contrat de 75 000 dollars par mois avec JPC Strategies, réputée proche du Parti républicain de Trump. D'ailleurs son fondateur, James Christoferson, est l'ancien directeur de cabinet adjoint du sénateur du Texas, Ted Cruz, un fidèle de Trump. Une année après le lancement de cette révision, le royaume s'est attaché les services de quatre cabinets de lobbying, indique The Africa Report. Il s'agit de Yorktown Solutions, Brownstein Hyatt, Holly Strategies et Akin Gump. Les partisans du Polisario au Sénat et au Congrès ont déjà annoncé la couleur Akin Gump compte sur l'apport de l'ancienne présidente de la sous-commission des Affaires étrangères chargée de la région MENA au Congrès, Mme. Ileana Ros-Lehtinen. Son long parcours parlementaire, de 1989 à 2019, est un atout entre les mains du Maroc pour faire face aux offensives de députés et sénateurs, à la fois démocrates et républicains, visant à persuader l'administration Biden d'annuler la reconnaissance de la marocanité du Sahara, actée le 10 décembre 2020 par son prédécesseur à la Maison blanche. En effet, moins de quatre semaines après l'installation de Joe Biden à la Maison blanche, le sénateur républicain, James Inhofe, un grand défenseur du Polisario, avait réussi à convaincre 25 sénateurs démocrates et républicains afin de demander dans une lettre adressée à Biden de réviser la décision prise par Donald Trump. En octobre dernier, le président de la Commission de la Défense au Sénat est revenu à la charge avec une autre missive destinée à Antony Blinken, sollicitant son appui pour défendre «le droit du peuple du Sahara occidental à l'autodétermination, plaider pour la libération des prisonniers politiques et protéger la liberté d'expression pour chaque Marocain et Sahraoui». Une mobilisation qui marque des points. Ainsi, la loi sur l'autorisation de la défense nationale (NDAA) pour l'année fiscale 2022, signée le 28 décembre par le président Joe Biden, conditionne en effet le financement d'exercices militaires avec le Maroc à son engagement à «rechercher une solution politique mutuellement acceptable au Sahara occidental». Autre grain de sable, le projet d'ouverture d'un consulat général des Etats-Unis à Dakhla, reste toujours en attente. Le projet de budget 2022, qui n'a pas encore été adopté par la Chambre des représentants et le Sénat, prévoit un amendement interdisant au Département d'Etat de puiser dans ses ressources financières pour la construction d'une représentation diplomatique des Etats-Unis à Dakhla. Un amendement présenté par le sénateur Démocrate Chris Coons, membre de la Commission des Crédits. 12,6M$ dépensés en lobbying en 2021 En 2021, le gouvernement marocain a dépensé environ 12,6 millions de dollars, dont 735.963 $ déboursés par le gouvernement marocain et 11.890.520 $ par des groupes non-gouvernementaux dont l'OCP, indique le classement effectué par opensecrets.org, le site spécialisé en lobbying aux Etats-Unis sur la base des données publiées par «The Foreign Agents Registration Act (FARA)», relevant du ministère de la Justice. A noter que le total de ces interventions financières reste plus faible que celui de 2020 (14,8M$). Outre les activités de ces cabinets de lobbying, le Maroc peut compter également sur l'appui d'Israël. L'Etat hébreu plaide les intérêts du royaume aux Etats-Unis, notamment le maintien de la reconnaissance de la marocanité du Sahara. Sous l'impulsion de Tel-Aviv, des sénateurs, républicains et démocrates, ont lancé le 10 janvier 2021 l'«Abraham Accords Caucus».