Une fois de plus, le sénateur James Inhofe s'affirme comme le grand défenseur du Polisario aux Etats-Unis. Il a réussi à rallier à sa cause, 26 sénateurs démocrates et républicains. Que fera le Maroc ? Dans sa guerre contre la reconnaissance américaine de la souveraineté marocaine sur le Sahara, le lobby algérien vient de passer à la vitesse supérieure. Sur une initiative des sénateurs James Inhofe (Parti républicain) et Patrick Leahy (Parti démocrate), 25 sénateurs ont demandé, dans une lettre adressée mercredi 17 février au président Joe Biden, d'annuler le décret du 10 décembre signé par son prédécesseur à la Maison blanche. Ils ont qualifié la décision de Donald Trump de «brusque» qui «sape des décennies de politique américaine cohérente» sur ce dossier. Aussi, les auteurs de la missive exhortent l'administration Biden de «revenir sur cette décision peu judicieuse et à réengager les Etats-Unis sur la voie du référendum pour l'autodétermination du peuple sahraoui du Sahara occidental». «Les Etats-Unis doivent au peuple sahraoui d'honorer son engagement, d'aider à faire en sorte que les Marocains soient à la hauteur pour mener à bien ce référendum. Le peuple sahraoui mérite le droit de choisir librement son propre destin. Nous espérons pouvoir compter sur vous pour être un partenaire dans cet effort», plaident les sénateurs. Quelle sera la réaction du Maroc ? Les signataires de la lettre ont appuyé leur requête en sélectionnant de faits historiques sur le processus de négociations, tel «l'accord d'Houston» de 1997 mené par James Baker, appuyant leur requête mais en faisant l'impasse sur d'autres. Par exemple, en janvier 2000, Kofi Annan, alors secrétaire général de l'ONU, avait mis un terme à la Commission d'identification des électeurs éligibles à prendre part au scrutin référendaire. Et pour cause, de 1993 à décembre 1999, seuls 2.130 candidats ont été habilités à voter sur une liste de 51.220 requérants au Sahara occidental. Depuis, l'option du referendum avait disparu des résolutions du Conseil de sécurité. «La décision de l'ancienne administration de reconnaître les revendications marocaines n'a servi qu'à récompenser des décennies de mauvais comportement de la part du gouvernement marocain.» Lettre des 27 sénateurs Les dynamos de cette initiative, les sénateurs James Inhofe et Patrick Leahy sont de fervents partisans du Polisario au Sénat. Si le premier est le plus connu suite à ses nombreuses interventions sur la question du Sahara, le deuxième est plus discret même s'il est l'auteur d'une proposition en octobre 2017 demandant du Département d'Etat, dirigé alors par Rex Tillerson, de «consulter» d'abord la MINURSO avant de donner son feu vert aux aides destinées au Sahara. Une requête rejetée par le Sénat. Cette nouvelle lettre est le dernier épisode dans la guerre de lobbying que se livre le Maroc et l'Algérie aux Etats-Unis pour défendre leurs positions sur la question du Sahara. Après la décision de Donald Trump de reconnaitre la marocanité du Sahara, Alger avait choisi James Baker, Christopher Ross et John Bolton, le groupe des irréductibles, pour dénoncer le décret présidentiel du 10 décembre. Le Maroc a répliqué par des articles signés Elliott Abrams, un diplomate expérimenté ayant travaillé aux côtés de trois présidents républicains, et Jason Isaacson, le directeur des politiques et des affaires politiques au sein de l' «American Jewish Committee».