Le mandat de Trump s'est terminé sur une note positive pour le dossier du Sahara. Quelle sera la position de l'administration Joe Biden concernant le plan d'autonomie marocain ? Aux Etats-Unis, la contestation à la décision de Donald Trump de reconnaitre la souveraineté marocaine sur le Sahara, ne faiblit pas. John Bolton, l'ancien conseiller de Trump à la sécurité, le sénateur républicain James Inhofe, ainsi que d'autres universitaires moins connus sur la scène internationale mais proches de l'aile gauche du Parti Démocrate, mènent campagne pour réclamer de la future administration Biden une abrogation du décret présidentiel signé par le président sortant. Pour faire face à cet intense lobbying, le Maroc peut compter sur le cadre global dans lequel s'est inscrit cette reconnaissance avec le rétablissement des liens diplomatiques acec Israël. Mais l'atout majeur se trouve dans le consensus autour du plan d'autonomie proposé par le Maroc en 2007, qui regagne en intérêt avec l'affaiblissement de la voie indépendantiste. «Même si la question du Sahara occidental est loin de constituer une priorité pour le président élu Joe Biden, confronté à d'autres dossiers plus urgents au niveau interne, il n'est pas exclu que le sujet soit soulevé dès les premiers jours de l'investiture de l'administration démocrate par exemple lors du passage d'Antony Blinken devant le Sénat pour examiner l'approbation de sa candidature à la tête de la diplomatie américaine ou à l'occasion de ses points de presse», nous confie une source marocaine proche du dossier. «Dans ce contexte et pour faire à cette pression qui va crescendo dans certains médias américains, le royaume n'est pas dépourvu d'armes politiques, sécuritaires et géostratégiques. Le coup d'envoi de ce grand chantier qu'est l'autonomie participera à rendre moins audibles les voix réclamant une révision de la reconnaissance des Etats-Unis de la marocanité du Sahara.» La jeunesse sahraouie veut une autonomie sur le terrain Outre ces considérations politiques destinées à gagner la confiance du futur cabinet à la Maison blanche, la jeunesse sahraouie a l'ambition de jouer un rôle dans la gestion de son quotidien. Elle veut le lancement dans les plus brefs délais d'une véritable autonomie du Sahara sur le terrain. «Depuis quelques mois, le dossier connait des développements rapides. Cette dynamique devrait conduire à l'opérationnalisation de l'initiative marocaine», explique à Yabiladi Cheikh El Mami Ahmed Bazeid, le président de l' «Association Assalam de la protection du patrimoine maritime» basée à Dakhla. «C'est dans l'intérêt de tous y compris pour nos frères dans les camps de Tindouf, alors que le gouvernement et les partis politiques ne cessent ces dernières semaines de les inviter à regagner le Maroc. Une autonomie effective pourra répondre à leurs revendications et leurs donner des raisons d'optimisme, alors que l'option de l'indépendance perd du terrain», souligne l'associatif. «L'intervention des Forces armées royales à El Guerguerate du 13 novembre a sérieusement remis en question toute la propagande du Polisario sur ce sujet.» Cheikh El Mami Ahmed Bazeid Mais face à l'opérationnalisation du plan marocain, se dressent aussi des obstacles internes. Dès sa présentation en 2007, des partis politiques, comme l'USFP et le PJD, avaient plaidé pour sa mise en œuvre sans attendre l'issue du processus des négociations mené sous les auspices des Nations unies. Des appels ignorés jusqu'ici. La reconnaissance de la marocanité du Sahara et l'arrivée de l'administration Biden pourrait servir de catalyseur à un projet politique en stand by depuis plus de 13 ans.