L'annonce de la visite de Staffan de Mistura dans les camps de Tindouf a grippé la machine de communication du Polisario. C'est du moins ce que laisse transparaitre les déclarations contradictoires de deux têtes d'affiche du mouvement séparatiste sur l'option référendaire. En attendant l'arrivée de Staffan de Mistura, prévue ce samedi, à Tindouf, le Polisario opère une révision à la hausse de son cahier revendicatif. Son représentant à New York, Sidi Mohamed Ammar, a annoncé à la communauté internationale les nouvelle conditions du Front. Lors d'un point de presse tenu ce vendredi 14 janvier dans les camps, il a annoncé que son mouvement «ne considère plus le référendum d'autodétermination comme une solution possible, mais s'accroche directement à son droit légitime à l'indépendance totale du Sahara Occidental». Le responsable a affirmé devant des médias que «le peuple sahraoui maintient son droit à se défendre par tous les moyens légitimes». Soufflant le chaud et le froid, Ammar a précisé que «le Polisario garde la porte ouverte à une solution pacifique qui garantisse le plein respect du droit à la liberté et à l'indépendance du peuple sahraoui, au-delà des crises diplomatiques entre l'Algérie et le Maroc». Il a par ailleurs conditionné la participation du Front à tout processus de négociation «aux développements sur le terrain et à l'implication et le sérieux du Conseil de sécurité». La dernière résolution sur le Sahara occidental par le Conseil de sécurité n'a toujours pas été digérée à Tindouf. Cacophonie au niveau des communicants du Polisario Le rejet exprimé par Sidi Mohamed Ammar de l'option référendaire, comme éventuelle solution du différend régional, n'est pas partagé par le représentant du Polisario à Alger. Mieux, Abdelkader Taleb Omar la défend. L'envoyé personnel du secrétaire général de l'ONU pour le Sahara occidental, Staffan de Mistura, a pour mission «de parvenir à une solution politique basée sur l'organisation d'un référendum comme solution de compromis, voire une solution onusienne et africaine», a-t-il indiqué ce vendredi, depuis Alger, à l'agence de presse officielle algérienne (APS). Vantant les mérites de cette «solution», il a estimé que «l'organisation d'un referendum serait susceptible de résoudre tous les autres problèmes, y compris l'exil et l'occupation imposée aux territoires sahraouis, et la violation des droits de l'Homme dans les villes occupées». Le rejet de Sidi Mohamed Ammar du referendum constitue un hiatus dans la communication du Polisario. Pour mémoire, Mohamed Salem Ould Salek, le «ministre des Affaire étrangères» du Front, avait exigé en octobre de l'envoyé spécial fraichement nommé envoyé de l'ONU, d'«annoncer une date précise pour l'organisation du référendum». Même son de cloche chez Brahim Ghali qui avait appelé les Nations unies à «fixer un calendrier pour la mission du nouvel envoyé onusien au Sahara occidental et de donner des garanties pour l'organisation d'un référendum d'autodétermination» dans la province. Cet embrouillamini démontre la cacophonie au sein de la direction du Polisario depuis la reconnaissance de la marocanité du Sahara occidental par les Etats-Unis et la fin du cessez-le-feu. Les faucons du mouvement séparatiste adeptes de la ligne dure, marquent leurs différences avec les lieutenants de Brahim Ghali de manière de plus en plus bruyante.