Alors que Staffan de Mistura prépare sa première tournée dans la région, le Polisario dresse un nouvel obstacle dans la mission de l'actuel envoyé de l'ONU au Sahara occidental. Par la voix de son secrétaire général, le Front a annoncé qu'il ne prendra plus part à la formule des «tables rondes», initiée par l'ancien émissaire des Nations unies, l'Allemand Horst Köhler. En revanche Brahim Ghali a plaidé, dans une interview accordée à une chaîne TV algérienne, pour «des négociations directes» entre le Maroc et son mouvement, «sous l'égide de l'Union africaine (UA), en vue de parvenir à un règlement qui permette à la région de vivre en paix et amène l'occupant au retrait de ses troupes des territoires sahraouis». Ce rejet des «Tables rondes», réunissant le royaume, l'Algérie, la Mauritanie et le Polisario, rejoint la décision prise par le pouvoir algérien de ne plus y participer. Une décision annoncée officiellement le 22 octobre et avant même l'adoption par le Conseil de sécurité de la résolution 2602, par son envoyé pour le Sahara occidental et le Maghreb, Amar Belani. «Cette formule ne constitue pas la solution optimale, puisque le Maroc a décidé, de manière irresponsable et malhonnête, d'en faire une misérable tentative d'échapper au caractère colonial de la question du Sahara occidental au profit d'un conflit régional artificiel et prétendu, faisant de l'Algérie une partie de celui-ci», a-t-il expliqué dans une déclaration à la presse. Les propos de Brahim Ghali étaient prévisibles. Pour rappel, au lendemain de la nomination de De Mistura, le Polisario avait demandé «de fixer un calendrier pour la mission du nouvel envoyé onusien au Sahara occidental» et notamment «donner des garanties pour l'organisation d'un référendum d'autodétermination» dans la province. Dans sa résolution 2602, le Conseil de sécurité a «rendu un hommage à Horst Köhler, l'ancien Envoyé personnel du Secrétaire général pour le Sahara occidental, et salué les efforts qu'il a déployés pour organiser le processus des tables rondes, qui a donné de l'élan au processus politique». Les Quinze se sont également félicités de «la nomination de Staffan de Mistura» et ont demandé «instamment la reprise constructive du processus politique, sur la base des progrès accomplis par l'ancien Envoyé personnel». Horst Köhler avait organisé à Genève deux tables rondes en décembre 2018 et mars 2019. L'actuel ministre algérien des Affaires étrangères avait conduit la délégation de son pays à la 2e édition de ces pourparlers. Le Maroc conditionne sa participation à un nouveau processus politique à la présence de l'Algérie.