Ahmed Raissouni n'a pas fait dans la dentelle pour critiquer la visite du ministre israélien de la Défense au Maroc. Dans son réquisitoire contre le déplacement de Benny Gantz, il a dénoncé le «recours à l'aide de l'Etat ennemi, de l'Etat d'occupation, agressif et criminel». Le président de l'Union internationale des oulémas musulmans, Ahmed Raissouni, est vent debout contre la visite du ministre israélien de la Défense, Benny Gantz, au royaume et l'évolution des relations entre les deux pays. Le religieux marocain condamne ouvertement, dans un article publié sur son site, «l'histoire d'amour haram» entre Rabat et Tel-Aviv et les «razzias sionistes» au Maroc. S'inscrivant en faux face à la version officielle présentée, le 10 décembre 2020, pour justifier la normalisation avec Israël, le religieux constate que «la relation officielle du Maroc avec l'ennemi sioniste n'est plus - comme on nous l'avait dit il y a un an - une simple reconnaissance de l'Etat occupant, en échange de la reconnaissance par la présidence américaine de la souveraineté du Maroc sur son Sahara. Il ne s'agit plus - comme on l'avait dit aussi - d'une simple "reprise" des relations diplomatiques», a-t-il indiqué. Raissouni estime dans son réquisitoire que la signature de l'accord militaire entre les deux parties, le 24 novembre à Rabat, ne va rien apporter à son pays. Et d'expliquer que «le Maroc maîtrise parfaitement son Sahara, et ce depuis quarante-six ans. Et au fil des années, la situation devient de plus en plus stable et contrôlée. Il ne passe pas une année sans que les séparatistes ne brandissent la menace de reprise des hostilités armées, et puis ils ne font rien et se taisent». Raissouni pointe la gestion du dossier du Sahara Après avoir souligné les points forts des services de renseignements au Maroc, il s'est interrogé sur «l'apport de l'ennemi sioniste» au royaume à «part l'infiltration, la confusion, la tromperie, l'achat des personnes et la création d'agents». Poursuivant sur la même ligne, le président de l'Union internationale des oulémas musulmans a souligné que «depuis la récupération du Sahara, ce dossier est géré dans le secret et dans l'opacité», constatant que «le peuple n'est associé en aucune manière dans la bataille». Et de rappeler que «la plus grande réussite sur ce dossier, était l'organisation de la Marche verte pour la libération du Sahara» par ce que «le peuple a été appelé et il a répondu présent». Raissouni est également revenu sur l'histoire récente du Maroc pour déplorer le projet porté par l'ancien ministre des Affaires islamiques, Abdelkbir M'Daghri Alaoui, mais «avorté par l'ex-ministre de l'Intérieur Driss Basri», prévoyant une intégration des religieux et des associations islamiques dans la gestion de la question du Sahara occidental. «Au lieu d'abandonner cette politique obscurantiste et impopulaire dans la gestion de notre grande bataille (le Sahara), et au lieu de revenir à de larges consultations et à des marches populaires, on est surpris par la mise en place d'une nouvelle politique étrange, marginalisant de plus en plus la volonté populaire. Une contre-politique choquante et provocatrice pour le peuple, sa foi et ses valeurs, ses principes et sa place historique. C'est la politique de recours à l'aide de l'Etat ennemi, de l'Etat d'occupation, agressif et criminel». Si le Mouvement Hamas a condamné l'accord militaire entre le Maroc et Israël, aucun Etat arabe (hormis l'Algérie) ne lui a emboîté le pas, y compris l'Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas. L'Iran pourrait joindre la fronde. En revanche le Qatar, qui accueille et finance l'Union internationale des oulémas musulmans que préside Raissouni, observe le silence. Et il en est de même pour le grand «frère» Erdogan. Les liens militaro-sécuritaires entre la Turquie et Israël se renforcent, sans que cela ne suscite la moindre réaction d'Ahmed Raissouni. Les drones Bayraktar TB2 que les Forces armées royales ont commandé à Ankara sont, d'ailleurs, le fruit de cette coopération entre Israéliens et Turcs.