Grande mosquée de Paris et le Conseil français du culte musulman (CFCM) ont chacun annoncé dimanche qu'ils allaient créer leur instance de labellisation des imams en France, répondant à l'appel du gouvernement qui voulait un «Conseil national des imams» pour restructurer l'islam et lutter contre la radicalisation, rappelle Le Monde. Illustrant la division dans les instances représentatives de l'islam en France et les effets du «retrait définitif du bureau exécutif du CFCM» annoncé par la Grande mosquée en mars, les deux instances ont annoncé la création du CNI, le 21 novembre pour la Grande mosquée et le 12 décembre pour le CFCM. Ce dernier revendique dans un communiqué que «la légitimité» du CNI «ne peut être acquise que sous l'égide du CFCM et avec la participation de l'ensemble de ses fédérations ainsi que l'implication de toutes les structures régionales et départementales». Cependant, lorsqu'il aurait dû adopter la «charte des principes pour l'islam de France», le CFCM a été bloqué par trois fédérations, dont deux turques, qui craignaient une fragilisation de la confiance à l'égard des musulmans. Suite à ce refus, la Grande mosquée et trois autres fédérations avaient quitté le bureau exécutif pour le laisser aux cinq fédérations restantes, dont les trois ayant refusé la charte qui dénonçait notamment «l'instrumentalisation» politique de l'islam, qui proscrivait «l'ingérence» d'Etats étrangers et réaffirmait la «compatibilité» de l'islam avec la République. Le CFCM qui se voulait être l'interlocuteur historique des pouvoirs publics concernant le culte musulman, comme le rappelle Le Parisien, se retrouve divisé alors que son bureau s'oppose à l'adoption des chartes demandées par le gouvernement. En face, la Grande mosquée et les fédérations qui ont quittés la CFCM, à savoir le Rassemblement des musulmans de France, Musulmans de France et la Fédération française des associations islamiques d'Afrique, des Comores et des Antilles, entendent réfléchir à la «refondation de la représentation du culte musulman en France» pour prendre la place d'interlocuteur de confiance entre l'Etat et les musulmans de France. Outre les désaccords sur la charte, la presse française souligne l'inimité notoire entre le président du CFCM, Mohammed Moussaoui, «proche du Maroc», et le recteur de la Grande Mosquée de Paris, Chems-Eddine Hafiz, «proche de l'Algérie».