Avec l'annonce du décès de trois camionneurs algériens dans des circonstances non-encore élucidées sur l'axe «Nouakchott-Ouargla», l'Algérie met la pression sur le Maroc et la Mauritanie. Après deux jours de silence, l'Algérie a accusé officiellement les Forces armées royales d'avoir tué trois camionneurs algériens sur l'axe «Nouakchott-Ouargla» via un drone armé. Une annonce qui frappe par ses zones d'ombre. La présidence algérienne n'a pas précisé la localité où les trois algériens aurait péri. Les médias du Polisario ont parlé «des territoires libérées», c'est à dire la zone tampon à l'est du mur des Sables. A moins qu'il s'agisse d'un lieu en Mauritanie ou en Algérie ? Une omission qui ne serait être la conséquence d'une communication bâclée. Pour rappel, lors de l'annonce le 14 octobre d'un «attentat terroriste», le ministère algérien de la Défense avait indiqué le lieu de l'explosion de la bombe de confection artisanale, la situant sur les «frontières ouest du pays, dans la localité de Deglen, commune de Béni Boussaïd, wilaya de Tlemcen». Ce degré de précision n'a pas semblé nécessaire dans le texte de la présidence de ce mercredi 3 novembre alors que ses services militaires et de renseignements ont pris le temps pour enquêter avant de diffuser l'annonce. Faire d'une pierre deux coups Par ailleurs, les images diffusées sur les réseaux sociaux sur cette affaire participent à la remise en question de la thèse de l'attaque par un drone des Forces armées royales. Elles montrent en effet des camions complètement calcinés qui pourraient être l'œuvre d'un incendie accidentel, d'origine criminelle ou d'une explosion d'une mine, explique à Yabiladi une source sécuritaire ayant requis l'anonymat. «En revanche une frappe d'un avion sans pilote aurait pulvérisé les véhicules et aurait crée un cratère dont la profondeur renseignerait sur la puissance et le poids du missile utilisé dans la l'opération.» Source sécuritaire Par cette annonce, l'Algérie accentue ses accusations contre le Maroc, coupable selon le président Tebboune, d'être la cause de tous les problèmes du pays. Pour mémoire, le pouvoir algérien a annoncé, le 13 octobre, avoir déjoué un «complot» devant porter atteinte à la stabilité du pays. Il serait l'œuvre d'une «organisation terroriste (…) épousant la tendance séparatiste», avec la complicité de «l'entité sioniste et un Etat en Afrique du nord», en allusion au Maroc. A cet objectif traditionnel de la politique algérienne, la communication de la présidence algérienne égratigne la Mauritanie au passage. Une sorte de mise en garde adressée au président Mohamed Cheikh Ould El Ghazouani contre une éventuelle coordination sécuritaire et militaire avec le Maroc. Le Maroc réagit indirectement Dans des déclarations à la chaîne saoudienne Al Arabiya, une «source marocaine de haut rang» a nié tout raid sur des cibles civiles ou militaires en Mauritanie ou en Algérie, de la part des FAR. Le bombardement aérien marocain de camions algériens en route vers la Mauritanie est une affaire «montée de toute pièces», rappelant que «les autorités mauritaniennes ont d'ores et déjà nié». En effet, ce mardi, l'armée mauritanienne «a démenti la survenance de toute attaque à l'intérieur du territoire national». «L'Algérie veut créer une crise sur l'utilisation par les Forces armées royales de drones qui ont bouleversé les rapports de force» dans la région, a précisé la même source. Et de conclure en avançant la piste de l'explosion d'une mine. Les «camions algériens ont traversé un champ de mines», accusant au passage les «chauffeurs algériens de transporter du matériel militaire pour le Front Polisario». Sur ce point, notre source sécuritaire se montre perplexe : «La mine aurait au moins fait renverser l'un des camions. Ce qui n'est pas le cas dans cette affaire. Les vidéos diffusées par des éléments du Polisario montrent des véhicules ayant pris feu, probablement d'origine criminelle.» Dans son communiqué de ce mercredi, la présidence algérienne a averti que ces «assassinats» survenus le 1er novembre, jour de fête nationale en Algérie, «ne resteront pas impunis». Ce qui laisse entendre l'annonce, dans les prochains jours, de «sanctions» contre le Maroc. Le royaume commémorera le samedi 6 novembre le 47e anniversaire de la Marche verte.