La version authentique sur le prétendu bombardement au Sahara contre un convoi algérien est pollué par des révélations et des preuves anecdotiques. Et ce n'est certainement pas le site Menadefense qui porte une parole de vérité sur ce sujet. Bis repetita ! La mort de trois camionneurs algériens dans le territoire marocain est devenu l'objet de fantasme d'un site algérien aux accointances douteuses, en l'occurrence Menadefense et son propriétaire Akram Kharief. «Il se trouve que la Minurso (Mission des Nations unies pour l'organisation d'un référendum au Sahara) a indiqué que ces camions se trouvaient non pas sur la route commerciale comme l'Algérie le prétendait, mais dans une zone militarisée interdite à toute circulation. Comment se fait-il donc que ce convoi ait traversé le territoire marocain ?» : cette question, Menadefense prend grand soin de l'éluder, alors que même la présidence algérienne avait affirmé que les «camions faisaient la liaison Nouakchott-Ouargla, entre la Mauritanie et l'Algérie» sans mentionner le Sahara. Lu des centaines de fois et relayé sur les réseaux sociaux depuis lundi soir par des comptes algériens hostiles au Maroc, le dernier article de Menadefense sur l'accident des camionneurs algériens déroule un argumentaire invraisemblable truffé d'au moins une dizaine de fausses affirmations, selon le travail de vérification de l'équipe de Barlamane.com. Selon Menadefense, les véhicules, «deux camions MAN immatriculés à Ouargla [en Algérie]», revenaient à vide d'une «opération d'exportation de ciment blanc vers la Mauritanie». Dans son dernier article sur l'incident, Menadefense exhibe des documents assez troublants. Si le site précisait antérieurement que «la société de transport assurait fréquemment des livraisons en Mauritanie et au Niger en plus de desservir le grand Sud algérien», force est de reconnaître que les factures diffusées ne portent aucun tampon, qu'elles datent toutes de 2021 et que la société, nommée Ets Boumediene Ahmida, malgré ses diverses activités, n'est pas solvable. Pire encore, on apprend que l'entreprise mauritanienne ETS Fasta qui a commandé du jerrican et du ciment est, à la réalité, une entreprise spécialisée dans l'industrie papier. Les révélations de Menadefense ne sont, donc, pas exempts d'ambiguïtés. Deux questions plus sensées ont cependant été posées. Il s'agit, d'une part, de la façon dont ce site va au devant de ce qui est attendu des enquêtes en fournissant des informations peu crédibles et, d'autre part, de la pratique consistant de ce portail à déformer les informations qui lui sont fournies. «L'opération d'exportation légale est passée par les douanes algériennes et mauritaniennes, a précisé le site spécialisé. Sauf que la société Ets. Boumediene Ahmida n'a aucune présence sur Internet et les information sur ses activités sont rarissimes, alors qu'on s'attendait à tomber sur des renseignements utiles et d'indications précieuses. Le convoi de camions se trouvait à l'arrêt à environ 25 km à l'est entre les localités d'Ain Ben Tili et de Bir Lahlou, segment non fréquenté par les mouvements civils. Selon le site menadefense.net, les victimes, trois chauffeurs algériens, conduisaient deux camions affrétés pour transporter du ciment et du jerrican vers la Mauritanie. Mais, selon les images qu'a diffusées la même source, seul le jerrican a été acheminé. Le site menadefense.net, contradictoire à souhait, avait dans un premier temps affirmé que le bombardement avait été effectué par des tirs d'artillerie de l'armée marocaine, avant d'évoquer celui d'un drone armé. Les pièces d'artillerie sont trop éloignées de la zone du bombardement, avaient indiqué des spécialistes, poussant le site à rectifier le tir. En attendant, ses outils de collecte d'information, d'analyse, et d'utilisation des résultats sont plus que jamais déficients.