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TINDOUF : La nouvelle route de tous les trafics
Publié dans La Gazette du Maroc le 12 - 01 - 2008

L'attaque meurtrière contre 5 touristes français dans la région d'Aleg et contre des militaires mauritaniens, démontre une autre fois la gravité de la situation sécuritaire dans le triangle de la mort, concrétisé par le Nord de la Mauritanie et le Sud algérien. Une région qui s'étend sur de vastes plaines désertiques vers le mali. Elle est devenue aussi un vaste marché pour l'écoulement de toutes sortes de produits de la contrebande, y compris l'aide humanitaire accordée au Polisario.
Le dernier développement des événements dans cette région est l'annulation de l'édition 2008 du célèbre rallye Paris Dakar. Cette décision annoncée, le 4 janvier dernier au Portugal, à la veille du départ officiel de l'édition 2008, n'a pas été prise aussi facilement par les organisateurs qui avaient jusque-là dépensé des millions d'euro en organisation et en événementiel. Des informations émanant de services étrangers, avaient signalé aux organisateurs un risque éminent de rapt ou d'action terroriste dans le désert mauritanien. Entre temps, la région est devenue en quelques années seulement, le lieu où évoluent divers groupes armés où se mêlent salafistes, jihadistes, bandits de grands chemins et trafiquants de drogue. En plus de l'existence d'autres groupes armés, Touareg au Mali et au Niger. La route qui relie Lahmada, la Mauritanie, le Mali, le Niger et même le Tchad, se limite à quelques centaines de kilomètres, que les trafiquants divisent en étapes. Depuis quelques années, selon une source sahraouie, la frontière entre la Mauritanie et la zone tampon, s'est transformée en un large espace de trafic de tout genre : carburant, aides alimentaires octroyés au Polisario, armes et munitions, cigarettes … Le fait nouveau et le plus dramatique, est le trafic de cocaïne qui commence à prendre de l'ampleur. L'arrestation l'année dernière du fils de l'ex-président mauritanien, Sidi Mohamed Ould Mohamed Khouna Ould Haïdalla, en possession de plusieurs kilos de cocaïne près d'Agadir, est l'illustration parfaite de cette situation.
À l'origine
du grand trafic
Tous les moyens sont bons pour l'acheminement de la marchandise : camions militaires (voire photo) 4x4 et chameaux. Les sentiers battus et les pistes rocailleuses du grand Sahara sont très bien connus des passeurs. La preuve, la région est infestée de toutes sortes de mines. Un étranger ne pourra pas faire quelques kilomètres sans se perdre ou sauter sur une mine à tout moment. C'est le triste sort de Pierre André, un touriste français qui nous a raconté sa triste aventure à Bir Guendouz, non loin de la frontière avec la Mauritanie, le mois de Mars 2007. Selon une source bien informée, les trafiquants font les allées et retours la nuit sans utiliser les lumières des véhicules. Durant des années, ils ont accumulé une grande habileté de conduite et de savoir faire. Certains d'entre eux sont des miliciens du Polisario ou avaient été engagés dans les combats pendant la guerre.
Selon un ex-cadre du Polisario, tout a commencé après le cessez-le feu avec le Maroc en 1991. Le Polisario traversait une crise profonde et l'Algérie était malmenée par la guerre civile et les attaques sanglantes du GIA, qui deviendrait après le GSPC (groupe salafiste pour la prédilection et le combat), puis après son allégeance à Ben Laden, Al Qaida au Maghreb islamique. La solution est alors dans le trafic de denrées alimentaires, issues essentiellement des aides humanitaires fournies par les ONG européennes, le PAM et le HCR. Depuis cette date, un vaste réseau de trafic et de contrebande, s'est installé dans la région de Tindouf et le Nord de la Mauritanie. Selon la même source, le Polisario gonflait les statistiques du nombre des réfugiés dans les camps pour avoir de l'aide en grande quantité. Selon un connaisseur du dossier, pour comprendre le phénomène du détournement des aides humanitaires, il faut avoir une idée de l'organisation interne des camps. Les camps de Lahmada sont soumis à une organisation assez particulière. Divisés en wilayas, chaque wilaya est divisée en arrondissement, qui est lui-même divisé en 6 quartiers. Chaque quartier a une commission de l'alimentation tenue par des femmes, mais le véritable ordonnateur est le chef de cercle, qui est en vérité un commissaire politique chargé de contrôler la population et d'endoctriner les jeunes pour épouser l'idéologie du parti unique, comme au bon vieux temps des Khmers rouges au Cambodge. Dans chaque arrondissement, il y a aussi un responsable du ravitaillement. Ce dernier travaille avec une commission de l'approvisionnement, les produits sont distribués aux familles régulièrement. Une famille de 5 personnes reçoit un sac de farine, 1 sac de lentilles, 1 sac de sucre par mois et du thé et du lait en poudre. Avant la prolifération du détournement, le ravitaillement se faisait tous les 15 jours. La viande était vendue librement à ceux qui pouvaient en acheter. Pour les autres qui n'ont pas les moyens, chaque trimestre, une wilaya abat un chameau. Pour l'habillement, tous les 6 mois, des balles de fripes étaient distribuées. Selon un rallié au Maroc???: «du temps de la guerre il y avait du détournement, mais les produits arrivaient quand même à la population. Actuellement moins et même ceux qui reçoivent quelque chose, sont sollicités par les groupes de trafiquants pour acheter les produits et les revendre à Zwirat et au Mali». Ce que les Sahraouis des camps de Tindouf appellent joutiya «fripes» sont très prisées dans les pays du Sahel. C'est le principal produit du marché de l'habillement. Les balles de fripes se négocient à prix d'or par les négociants dans la région.
À chacun sa part
du butin
Dans la sphère dirigeante du Polisario, il existe un partage des secteurs d'exploitation ou de pillage organisé. Pour le trafic de carburant, c'est la chasse gardée des militaires et du cercle du ministre de la Défense Mohamed Ould Bouhali. Pour les produits alimentaires, c'est la spécialité des dirigeants de haut rang et les cadres qui sont dans l'opposition. Ils ont été achetés de cette façon pour garantir leur silence. La grogne de la population se fait sentir de jour en jour. Surtout avec les signes extérieurs de richesse qui apparaissent chez la classe des nouveaux riches des camps. «Les nouveaux riches ont commencé à acheter des climatiseurs et pendant l'été où la chaleur est insupportable, ils fuient les camps vers leurs villas à Nouadhibou en Mauritanie», précise un ex-cadre du Polisario. Il y a aussi un homme de l'ombre moins connu de la hiérarchie, c'est monsieur finance du Polisario et de Mohamed Abdelaziz en vérité. Mohamed Lemin Deddi de son vrai nom. Il gérait les projets personnels de Mohamed Abdelaziz. Il était associé pour le compte de ce dernier dans une société à Nouakchott, spécialisée dans la commercialisation de véhicules tout terrain. Depuis la fin du 12ème congrès, il n'a plus le titre de trésorier général, le poste a été confié à Mohamed Lemine Ahmed. Deddi a été nommé gouverneur du camp «Laayoune». Il aura tout de même une grande responsabilité dans la «distribution équitable» du ravitaillement. Bien sûr, une grande partie prendra le chemin de Bir Moghren et de Zwirat en Mauritanie. Selon une source à Nouakchott, les produits alimentaires issus du trafic du Polisario se vendent naturellement dans les marchés populaires. Ironie de la situation, certains produits portent une étiquette où est inscrit «ce produit ne peut être vendu». Certains produits, comme le lait en poudre, arrivent même jusqu'au Sahara Marocain, via la Mauritanie. Le Lait en poudre d'origine US est très prisé par les femmes de la région. Il a la réputation d'être un produit pour engraisser les jeunes filles. Son prix arrive jusqu'à 300 DH le kg. Concernant l'argent de la transaction, il ira dans des comptes particuliers dans une banque à Alger ou à Las Palmas.
Une autoroute
de la contrebande
La route de la contrebande est reliée directement avec la frontière mauritanienne. Malgré l'existence de patrouilles de la garde mauritanienne, malienne et de gendarmerie algérienne, les passeurs traversent les pistes impunément, monnayant leur passage en argent et en nature. Selon Esswiyeh Sidi, un ex-cadre militaire du Polisario?: «du temps de la guerre, il n'y avait aucun point de contrôle algérien près de Lahmada. Il y avait des sentinelles d'avant garde de la gendarmerie algérienne près de Tindouf au Nord. Après, à la fin de la guerre et la prolifération de la contrebande et le terrorisme, la gendarmerie algérienne avait pris des positions près de la frontière mauritanienne. Mais cette présence reste insignifiante, vu l'étendu de la région». Selon une source bien informée, le trafic dans cette région commence avec les cigarettes, les chameaux et se termine avec l'émigration clandestine et la cocaïne. Le point culminant de ce trafic est devenu la zone tampon, depuis l'attaque du GSPC contre une caserne mauritanienne. Selon la même source, le phénomène du trafic dans les camps de Lahmada est devenu une économie organisée. Le Polisario a été obligé depuis 2000, de recourir à ce genre de pratique, parce que le chômage des Sahraouis était devenu quasi généralisé. Il n y avait plus de salaires pour les militaires et l'aide alimentaire avait nettement reculé. L'Algérie n'avait commencé à verser des salaires aux militaires du Polisario, que depuis 1998, environ 1 200 DH par trimestre. Plusieurs pays donateurs avaient demandé de renouveler le recensement des populations dans les camps pour dresser une liste proche de la réalité. Face à la raréfaction des donations, le Croissant Rouge sahraoui, avait même lancé des appels à l'aide d'urgence. En plus, le trafic et la contrebande sert aussi à graisser la machine bureaucratique et à soudoyer les purs et durs du mouvement qui constituent une menace potentielle pour Mohamed Abdelaziz.
Le phénomène le plus frappant, est le trafic de carburant qui se fait au grand jour. Des camions militaires et d'autres fournis au Polisario par des ONG espagnoles, sont utilisés impunément. Le carburant est acheminé par camion-citerne des camps de Tindouf jusqu'à la localité de Mijik, qui se trouve dans la zone tampon démilitarisée non loin de Tifariti. Ensuite, le carburant est stocké dans des barils, pour être vendu à d'autres contrebandiers qui l'acheminent en camion ou en 4x4 vers la Mauritanie et la frontière malienne. On ne sait pas jusqu'à présent, si ces barils de carburant servent à ravitailler les groupes armés qui opèrent dans la région du grand Sahara et au Nord du Mali. Cette nouvelle zone franche de non droit est devenue aujourd'hui une grande zone de trafic en tout genre : détournement de l'aide humanitaire, trafic de cigarettes, d'armes, de voitures volées… La région du Sahel constitue en effet une zone de prédilection pour les groupes terroristes affiliés à Al Qaïda, d'où ils lancent des actions terroristes, visant l'Afrique du Nord et l'Europe. Le scénario le plus grave est selon les observateurs, l'éventuel passage des armes du Polisario entre les mains des groupes terroristes ou de mouvements indépendantiste ou ethnique dans la région.
Des trafiquants et des bandits de grands chemins
Dans le Nord de la Mauritanie et la région du grand Sahara, le GSPC devenu Al Qaida au Maghreb islamique et la mafia du crime organisé et de la contrebande, se partagent le terrain. En plus, il faut ajouter les bandits de grands chemins qui ont la réputation d'enlever les touristes européens qui s'aventurent dans la région. Le 27 décembre dernier, quatre soldats mauritaniens ont été tués dans une embuscade qui leur a été tendue près de la localité de El Ghalaouia, située dans la zone des Majabatt El Koubra, à quelque 700 km de la capitale mauritanienne.
En 2005, le GSPC avait mené une attaque visant des militaires mauritaniens de la caserne de Lemgheity. L'attaque avait fait 15 morts, 2 disparus et 17 blessés, parmi l'armée mauritanienne et 5 morts dans les rangs du GSPC. Parmi les chefs de bandes notoires dans la région, on retrouve Mokhtar Belmokhtar Alias Laaour, ancien membre du GSPC, s'adonnant également à la contrebande entre le sud de l'Algérie et les pays voisins. Parmi les émirs du désert, Nouredine Al Youbi, un marocain réfugié au Mali, en relation avec Abdelmalek Droukdel, monsieur Al Qaida au Maghreb. Il sévissait depuis quelques temps, dans la région de l'Est de la Mauritanie, sur l'axe Nouakchott-Nord et le Mali. Nouredine Al Youbi, est présenté par les services de renseignements, comme chef d'un important groupe de trafic d'armes. Il est chargé du recrutement des Maghrébins pour renforcer les effectifs aux centres d'entraînement situés au Sahel, son nom figure sur une liste de 40 suspects activement recherchés par les services de sécurité au Maroc, dont certains sont dans les camps de l'ex-GSPC, comme le Marocain Mohamed Reda Belhachemi qui était apparu dans un enregistrement vidéo d'Al Qaïda au Maghreb. En 2004 et 2005, les bandes armées de Mokhtar Laaour ont été engagées dans des combats contre l'armée malienne et contre l'armée algérienne. En 2003, le GSPC avait enlevé 32 touristes allemands dans le Sud algérien. L'attaque du 27 décembre dernier, intervient à quelques jours de l'assassinat de 4 touristes français, près d'Aleg, à quelque 250 km de la capitale mauritanienne Nouakchott.
Après ces événements, le ministère français des Affaires étrangères a pris la décision de déconseiller aux ressortissants Français, de séjourner en Mauritanie. La France a pris cette décision, suite à des informations recueillies sur le terrain, faisant état de menace réelle. Selon une source officielle qui a préféré garder l'anonymat, les derniers évènements survenus en Mauritanie et l'annulation du Paris Dakar, corroborent encore une fois les alertes précoces et les mises en garde données par le Maroc, en direction de la communauté internationale et des pays qui ont des frontières avec cette région, sur les menaces réelles qui guettent la sécurité régionale et la région du grand Sahel. Face à cette menace, aucun pays ne peut à lui seul régler le problème, ce qui exige une coordination internationale et régionale. Les groupes terroristes radicaux qui se sont infiltrés, veulent faire de la région du Sahel leur base arrière et visent, en effet, la déstabilisation des pays de la région, et partant, le voisinage immédiat, au nord de la Méditerranée. Le phénomène de l'immigration illégale, le terrorisme, le crime organisé, le trafic d'armes et d'êtres humains, sont les diverses facettes de cette nouvelle menace. Ces cellules où se mêlent banditisme et terrorisme, seraient dirigées depuis peu, par un nouveau chef, Yahia Djouhadi, alias Yahia Abou Ammar. Son groupe envisage de mener des attaques contre des sites pétroliers dans la région où il y a des expatriés européens.
Trafic de cocaïne
Depuis 2000, la région du grand Sahara est devenue le point de transit essentiel de la cocaïne vers l'Europe. La marchandise arrive de l'Amérique latine par bateau, puis elle est débarquée dans un premier temps à Madagascar et au Sénégal. Elle est acheminée ensuite par voitures en petites quantités. Elle transite au Nord de la Mauritanie et dans la zone démilitarisée, entre le mur de défense et la zone où se trouve le Polisario. Ensuite la cocaïne est transportée vers l'Europe par petit avion indétectable par les radars ou par zodiac. Parfois, les trafiquants chargent la marchandise sur les dos de chameaux et les font passer dans des champs de mines, pour les récupérer ensuite après la traversée. Le 2 janvier dernier, une Brigade mobile des douanes maliennes, avait pu mettre la main sur 116 kilos de cocaïne pure à Kourémalé. La valeur du produit est estimée à plus de 3 milliards de FCFA.
3 questions à Essawiyeh Sidi*
«Chez le Polisario, le trafic est généralisé»
La Gazette du Maroc : En quelle année le phénomène du détournement de l'aide humanitaire et le trafic ont commencé dans la région de Lahmada ?
Essawiyeh Sidi : Le phénomène du trafic à grande échelle est apparu en 1987, puis il s'est développé en 1993. Depuis cette date, le phénomène s'est accentué. Avant le cessez le feu tous les sahraouis étaient pris par la guerre. La majorité des hommes étaient mobilisés au front. Depuis l'arrêt des combats, l'individualisme et le désire de l'enrichissement personnel sont apparus. Une nouvelle culture de l'argent fait son apparition dans la société sahraouie réputée se contenter du strict minimum. Dans les différents niveaux de la responsabilité, le commerce est devenu une chose normale.
Qui sont les personnes impliquées dans ce genre de trafic ?
On ne peut pas arrêter une liste définitive de noms ou de responsables du Polisario.
Le détournement est généralisé, du croissant rouge Sahraoui aux intendants de l'armée, des responsables du ravitaillement du ministère de l'Intérieur et des wilayas c'est-à-dire les camps où se trouvent les populations civiles. Il y a ensuite les responsables du transport qui assurent l'acheminement des produits de la ville algérienne d'Oran. Ils vendent une partie de l'aide à la population algérienne avant même que ces derniers arrivent à Lahmada.
En plus du détournement des produit alimentaires, existe-t-il un trafic d'armes et de munitions dans la région de Lahmada ?
Au début de la guerre, il y avait ce genre de trafic à un niveau individuel. Celui qui possède deux ou trois kalachnikovs se déplace en Mauritanie et vend facilement la marchandise à 70 000 oukia environ 3 500 DH. Actuellement le prix a augmenté d'autant plus que les Mauritaniens ne contrôlent pas la frontière et le commerce des armes est quasi libre. La majorité des armes du Polisario proviennent de l'arsenal libyen jusqu'à 1984, il y a aussi des pistolets algériens de type PA d'origine russe.


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