Le président algérien Abdelmadjid Tebboune a consacré une partie importante de sa sortie médiatique du dimanche pour décocher des flèches à l'adresse du Maroc. Il a ainsi présenté son pays comme «victime» d'offensives présumées menées par le Royaume, en déclarant de manière surprenante que l'Algérie «n'a jamais» visé l'intégrité territoriale du Royaume. Le président algérien Abdelmadjid Tebboune a abordé à nouveau, dimanche, la crise entre l'Algérie et le Maroc. «Nous n'accepterons aucune médiation», a-t-il insisté lors d'une interview diffusée sur la télévision algérienne. Tebboune a rappelé que lors de la réunion des ministres des Affaires étrangères de la Ligue arabe, présidée par le ministre des Affaires étrangères du Koweït, le chef de la diplomatie algérienne a déclaré que «ce point (la médiation, ndlr) n'était pas inscrit à l'ordre du jour». «Nous ne devons pas assimiler la victime et le bourreau, l'agresseur et l'agressé. Nous ne nous sommes pas trompés. C'était une réaction et nous ne sommes pas la raison», a affirmé le président algérien, qui a avancé que son pays n'a «jamais rien dit qui porterait atteinte à l'intégrité territoriale du Maroc». En revanche, il a accusé le Maroc d'avoir «attaqué» son pays en 1963 alors que l'Algérie «n'avait pas encore d'armée». «Les terroristes à l'époque vivaient tous dans des villas à Agadir et ils (les Marocains, ndlr) leur fournissaient des gardes, de l'argent et des passeports diplomatiques. Il n'y a pas un ou deux ans qui passent sans qu'il y ait une attaque contre l'Algérie.» Abdelmadjid Tebboune Gazoduc Maghreb-Europe et Sahara occidental Le président algérien a accusé le Maroc de «se couvrir derrière un autre pays qui a des comptes à régler avec l'Algérie», en référence à la France. Il a également réitéré les accusations portées par son ministre des Affaires étrangères, lors de la décision de rompre les relations diplomatiques, en avançant que le Royaume «soutient» le mouvement pour l'autonomie de la Kabylie (MAK). Une implication «prouvée par l'image et le son». «Il y a des SMS de Paris et de Rabat des membres du MAK», déclare-t-il, en critiquant les Algériens sceptiques quant à l'existence de complots étrangers contre son pays. «Il y a des complots et des preuves», tranche-t-il. Le président algérien a également évoqué le gazoduc Maghreb-Europe, qui transporte le gaz algérien vers l'Europe via le Maroc. «Nous avons notre gazoduc, détenu à 51% par l'Algérie et à 49% par l'Espagne, avec lequel nous assurerons l'approvisionnement de l'Espagne», a-t-il précisé, en affirmant que son pays «n'a pas besoin» du gazoduc transitant par le Maroc. «Nous nous sommes entendus avec nos amis espagnols pour leur fournir du gaz et en cas de déséquilibre (d'approvisionnement), tous nos navires se dirigeront vers l'Espagne, chargés de gaz», a-t-il assuré. Toutefois, Tebboune a indiqué que son pays «n'a pas encore pris de décision» concernant le gazoduc Maghreb-Europe, rappelant que le contrat de ce dernier ne se termine que le 31 octobre. Lors de la même interview, le président algérien n'a pas manqué d'évoquer le dossier du Sahara occidental. Revenant ainsi sur la nomination de Staffan De Mistura, il a rappelé que son pays a «accepté» le nouvel envoyé personnel du secrétaire général de l'ONU dès la proposition faite par Antonio Guterres, mais que le Maroc «s'y était opposé au début». Réitérant les thèses du Front Polisario, il a noté dans ce sens que l'ONU est «tenue de jouer son rôle», rappelant que «le dossier du Sahara occidental est évoqué au niveau de la commission de décolonisation». Abdelmadjid Tebboune a enfin considéré que «l'accueil par les Etats-Unis de la nomination du nouvel envoyé est une reconnaissance de sa part que le problème est sur la table».