Suite à l'interpellation des partis politiques sur la question des lois liberticides par le Mouvement Hors la loi, en février dernier, 22 formations politiques n'ont formulé aucune réponse sur le sujet. Pour l'heure, l'abrogation de l'article 490 du Code pénal ne figure que sur un seul programme électoral. L'engouement des représentants des partis pour les sorties médiatiques en lien avec les libertés individuelles et les affaires de mœurs contraste avec leur absence, s'agissant de prendre une position politique officielle sur la question. C'est ce qu'a confirmé l'initiative du Mouvement Hors la loi, qui a interpellé l'ensemble des formations marocaines sur le sujet, depuis février dernier. Ce jeudi 2 septembre, le collectif a présenté ses résultats, dans un contexte marqué par la campagne électorale pour le scrutin de mercredi prochain. Exposées lors d'une conférence de presse tenue à distance, les données détaillées ont fait savoir que 22 des 24 partis ayant accusé réception de la correspondance n'ont pas donné de suite à la sollicitation. La lettre transmise aux partis se termine par deux questions, afin de savoir si chaque formation est pour ou contre l'abrogation de l'article 490 du Code pénal, qui criminalise les relations hors-mariage. Si la réponse est «pour», la deuxième question consiste à savoir si le répondant compte inclure ce point dans son programme électoral. Trois partis politiques ont catégoriquement refusé de réceptionner le courrier. Il s'agit de l'Union constitutionnelle (UC), du Parti de l'espoir et du Parti des forces citoyennes. Parmi le peu de partis et de coalitions à s'être prononcés, l'Alliance de la fédération de gauche (AFG, ex-FGD), qui rassemble le Congrès national ittihadi (CNI) et le Parti de l'avant-garde démocratique et socialiste depuis le divorce avec le Parti socialiste unifié (PSU), a été la seule à se déclarer favorable à une abrogation et à mentionner cet engagement dans son programme électoral. Socialistes ou conservatrices, les différentes tendances s'accordent à entretenir le non-débat Annonçant les résultats de l'initiative, Karima Nadir au sein du Mouvement Hors la loi a précisé, par ailleurs, que le Parti du progrès et du socialisme (PPS) a eu une réaction instable. «Le secrétaire général du parti, Nabil Benabdellah, a répondu par mail positivement en saluant notre initiative et en appuyant l'abrogation de l'article. Mais à notre grande surprise, nous avons découvert que cet engagement est passé à la trappe, lorsque nous avons consulté le programme électoral de sa formation», a-t-elle déclaré. Dans ce sens, le collectif a déploré «une absence totale de la question des libertés individuelles, de manière globale», dans les promesses du PPS, comme chez une grande partie des autres formations, toutes tendances confondues. En effet et parmi les 22 partis qui n'ont pas donné suite à l'écrit, on retrouve des formations se revendiquant historiquement de gauche, de même que des partis ayant longtemps affiché leur conservatisme sur la dépénalisation des relations hors-mariage ou toute disposition perçue comme un blocage aux différentes libertés individuelles. Parmi les non-répondants figurent ainsi le Parti justice et développement (PJD), le Parti authenticité et modernité (PAM), le Rassemblement national des indépendants (RNI), l'Union socialiste des forces populaires (USFP), le Front des forces populaires (FFD), le Parti libéral marocain, le Parti socialiste unifié (PSU), le Parti de la gauche verte ainsi que la Voie démocratique. Le mouvement a indiqué que les formations politiques n'ayant pas réceptionné le courrier écrit étaient au nombre de sept, en raison du changement de l'adresse de leurs locaux ou par le fait que ces derniers soient souvent fermés. Il s'agit du Parti démocratique de l'indépendance (PDI), de l'Union nationale des forces populaires (UNFP), du Parti de l'unité démocratique (PUD), de l'Alliance démocratique, du Parti de la société démocratique, du Mouvement social-démocrate et du Parti du renouveau. Dans le Code pénal, l'article 490 énonce : «Sont punies de l'emprisonnement d'un mois à un an, toutes personnes de sexe différent qui, n'étant pas unies par les liens du mariage, ont entre elles des relations sexuelles.» Faisant l'objet de polémiques médiatiques ces dernières années, le sujet semble être sciemment évité par la majorité des partis qui prennent part au scrutin et qui montrent leur frilosité vis-à-vis de la réaction de leur électorat sur cette question.