Le parlementaire de gauche, réclame une refonte du code pénal, la consécration des libertés individuelles et la fin de la société de défiance. Tout commence quand le député de la Fédération de la gauche démocratique (FGD), Omar Balafrej, évoque le contexte légal de la sexualité au Maroc : les relations sexuelles hors mariage sont pénalisées, l'avortement est illégal (sauf en cas de viol, de malformations graves ou d'inceste), les homosexuels vivent cachés. Fi de culture du mensonge institutionnalisée, du déni des réalités, du contrôle social sur les corps ! La substitution de l'ordre social à l'ordre moral s'impose. Tel est son appel. Dans un enregistrement vidéo diffusé en fin de semaine, Omar Balafrej a appelé à amender les articles 489, 490 et 491 du code pénal marocain, qui punissent respectivement l'homosexualité, les relations sexuelles hors du mariage et l'adultère. Il réclame aussi le droit d'entretenir des relations sexuelles, qui découle du droit de disposer de son corps et de renforcer les sanctions en matière de pédophilie. Dans un mouvement de retour, Saadeddine El Othmani, chef du gouvernement, était le premier à réagir. «On cible les constantes religieuses fondamentales de la nation». Houcine Aït Saïd, membre du Haut Conseil scientifique du Maroc : «Il faut intenter un procès contre ce député. C'est la bataille pour l'accès à l'éducation, à la santé, à l'emploi, qu'il faut mener d'abord, l'intimité hors-mariage est un luxe !» Hassan Kettani, figure du salafisme marocain : «M. Balafrej encourage la perversion et la dépravation des mœurs.» D'autres responsables religieux , dont Issam El Merrakchi sont allés dans le même sens arguant que Balafrej désire « institutionnaliser une forme de prostitution » et qu'il ne dispose d'aucune légitimité pour « déconstruire des sujets de droit ! » Le député a réussi à faire état des questions sexuelles et de la prise en charge pénale qui leur sont consacrées. Il rappelle que les femmes se voient imposer d'exister dans et par des règles archaïques. Cette dépendance détermine même leurs faits et gestes dans l'espace public, à travers les interactions quotidiennes. Depuis quelques semaines, ce qui est possible, autorisé ou prescrit en matière de conduites sexuelles et leur gestion morale a été l'objet de débats houleux, amplifiés en raison de la considérable caisse à résonance que constituent les réseaux sociaux. Le 23 septembre, une action ayant rassemblé des personnalités incontournables de la société civile, intitulée «Hors la loi» ou « l'Appel de 490 citoyens », en référence à l'article 490 a exigé la fin de la «culture du mensonge» et la réforme de la loi pénalisant l'avortement et les relations sexuelles hors mariage.