Un manifeste, fruit de multiples inspirations, a été diffusé ce 23 septembre sur les réseaux sociaux. Leïla Slimani, Sonia Terrab et d'autres voix appellent à revoir les «les lois liberticides» qui ont provoqué de multiples questions en débat, non encore résolues par le droit et sources de crispations, voire de conflits sociaux. Le collectif dénonce les libertés bafouées et la lente intégration du principe d'égalité. Une grande pluralité de personnalités de tous bords ont su laisser leurs spécificités et différences de côté pour s'unir dans une démarche commune sous l'emblème d'un mouvement intitulé Hors-la-loi. Un manifeste a été largement diffusé, ce 23 septembre, met l'accent les libertés individuelles, sur les avortements au Maroc qui sont pour la plupart clandestins, et font donc peser systématiquement un danger sur la vie des femmes qui y ont recours. La tribune dénonce l'illusoire séparation entre le privé et le public, au nom de laquelle se maintiennent la régularité des mœurs et l'ordre social, déplore le système de contrôle des corps, le confinement des relations sexuelles de façon à étouffer le droit d'aimer librement, l'invisibilité des causes féminines et l'absence des lieux de décisions dans les luttes menées. «Nous sommes hors-la-loi. Nous violons des lois injustes, obsolètes, qui n'ont plus lieu d'être. Nous avons eu des relations sexuelles hors mariage. Nous avons subi, pratiqué ou été complices d'un avortement», affirment les signataires de cette démarche inédite. «La culture du mensonge et de l'hypocrisie sociale génère la violence, l'arbitraire, l'intolérance. Ces lois, liberticides et inapplicables, sont devenues des outils de vengeance politique ou personnelle», déclame le texte co-rédigé sous la poussée du Prix Goncourt 2016 Leila Slimani, qui porte symboliquement 490 signatures, en référence à l'article 490 du code pénal qui interdit les relations sexuelles hors mariage. L'ordre juridique appuie certaines formes de subordination, ce qui empêche d'étendre à un grand nombre de cas sociaux des exigences de justice pour lesquelles la valeur des femmes repose, pour l'essentiel, sur leur position délicate dans une chaîne de dépendances personnelles, précise en substance la tribune qui vise à déconstruire les réflexions sexistes afin d'appuyer les discussions sur la reconnaissance de droits et sur le statut social des femmes, sur leur autonomie et la possibilité de déplacer, voire d'annuler les contraintes qui pèsent sur elles. La publication de ce document coïncide avec la troisième audience du procès de la journaliste Hajar Raissouni, en détention depuis août dernier pour «avortement illégal» et «débauche» (relation hors mariage). Une affaire qui a fait couler beaucoup d'encre et suscité de multiples réactions.