Les déclarations du bras droit de Brahim Ghali à la presse espagnole, où il affirmait que le secrétaire général du Front «envisage de quitter l'Espagne (…) sans se présenter devant l'Audience nationale» ont créé une polémique dans les camps de Tindouf. Les membres de la direction du Front Polisario veulent la peau du bras droit de Brahim Ghali et son «ministre du Peuplement des territoires libérés». Salem Lebsir, qui se trouve en Espagne avec le secrétaire général du mouvement séparatiste fait ainsi face à une violente attaque de la part de certains dirigeants du front et leurs partisans, après ses déclarations au journal espagnol OK Diario. Des propos qui ont déclenché une controverse généralisée en Espagne et dans les camps. Il y a quelques jours, Salem Lebsir a affirmé, depuis l'hôpital de Logroño, où Brahim Ghali est admis depuis avril, que le secrétaire général du mouvement quitterait l'Espagne dans les prochains jours, sans comparaître devant l'Audience nationale, où il fait pourtant face à des accusations de viol, de torture, d'enlèvement, de séquestration et de crimes contre l'humanité. «Dès qu'il aura récupéré, ce qui se fera dans 10 jours, il quittera le pays. Il ne comparaîtra pas devant le juge», a avancé le bras droit de Ghali à un journaliste du média espagnol. Lebsir «à la solde des services secret espagnol et marocain» ? Des propos qui ont inquiété les parties plaignantes en Espagne, au point d'exiger le retrait du passeport du chef des séparatistes. Leur demande a finalement été rejetée par l'Audience nationale, qui a confirmé plus tard que Ghali a accepté de comparaître devant la justice en visioconférence, le 1er juin. La sortie médiatique imprudente de Salem Lebsir a également fait des vagues dans les camps de Tindouf. Selon le Forum de soutien aux autonomistes de Tindouf, connu sous le nom de Forastin, le «ministre du Peuplement des territoires libérés» du Polisario fait désormais face à une campagne qui l'accuse d'être «à la solde des services secret espagnol et marocain». En effet, la page Facebook de Forastin a publié une lettre attribuée à Bachir Mustapha Sayed, membre du secrétariat national du Polisario, dans laquelle il accuse son camarade de «traiter avec les services de renseignement marocains et espagnols», en référence au média espagnol OK Diario. La polémique a également été alimentée par des statuts sur les réseaux sociaux de partisans du Polisario, certains affirmant que Salem Lebsir a «détruit l'euphorie de la victoire» du Front sur ce dossier. «Sans peut-être le vouloir, le ministre a porté un coup à la cause sahraouie, dans ces circonstances délicates, en mettant les sympathisants et les soutiens de la cause au pied du mur», commente l'un des pro-Polisario. Un autre a dit espérer que la direction du Front «ne doit pas considérer les récents propos de Lebsir comme étant une victoire», en allusion aux fréquentes sorties médiatique du mouvement pour évoquer des victoires aux dépens du Maroc. Lebsir se défend en mettant en cause la crédibilité de la presse espagnole Face au déluge de critiques et l'impossibilité de rétropédaler, surtout avec la publication par OK Diario d'une vidéo de son interview depuis l'hôpital San Pedro de Logroño, le bras de droit de Brahim Ghali a été obligé de s'expliquer. Dans une interview accordée au média pro-Polisario Futuro-Sahara, le dirigeant du Polisario a reconnu avoir été «interpellé» par les Sahraouis sur ce média espagnol. «Je ne connais pas ce média», a-t-il avancé, en affirmant que le journaliste d'OK Diario ne s'est pas présenté comme tel. «Il s'est présenté en tant que membre actif dans une association de solidarité avec le peuple sahraoui et qu'il voulait s'enquérir de l'état de santé du président», a-t-il ajouté, en précisant avoir croisé le journaliste espagnol, près de l'aile où Brahim Ghali est hospitalisé. «Il a commencé à parler de Ceuta et Melilla et j'ai pensé que nous étions en discussion. Je ne savais pas qu'il était journaliste, surtout qu'il ne portait pas de caméra ou un micro», abonde-t-il. Salem Lebsir a assuré avoir «traité» avec le journaliste espagnol en tant que «personne solidaire». «Après avoir publié mes propos, nous avons posé des questions à son sujet et nous avons découvert qu'il était un expert dans ce type de fraude», ajoute-t-il en accusant le journaliste d'avoir «auparavant mené de nombreuses entrevues avec les médias de la même manière». Reste à savoir si la version des faits du bras droit du Brahim Ghali, convaincront les membres de la direction du Front, dont certains sont préoccupés par la course menée pour succéder au numéro 1 du Front, fragilisé par son infection à la Covid-19.