Depuis 2003, les relations entre le Maroc et les Iles Canaries sont au beau fixe. La récente polémique sur le pétrole a rapproché davantage cette région de Rabat. Une région qui tente d'instaurer un équilibre entre ses intérêts économiques avec le royaume et son soutien au Polisario. Paulino Rivero, le président des Iles Canaries au Maroc. Une visite initiée, hier, par des entretiens de haut niveau avec le roi Mohammed VI, accompagnés de ses deux conseillers royaux, Fouad Ali El Himma et Taeïb Fassi Fihri. Une audience, d'environ une heure selon EFE, que nombre de présidents de régions autonomes espagnoles n'ont pas eu, à l'instar de Artur Mas de la Catalogne ou Grinan de l'Andalousie. C'est dire la bonne entente entre Rabat et Tenerife, preuve en est les déclarations à la presse de Rivero. Parfaitement conscient de ce privilège, le gouvernement des Iles Canaries a publié, hier, un communiqué dans lequel il souhaite que cette audience «renforce le niveau de contacts entre le Maroc et les Iles Canaries pour un meilleur engagement et des garanties aux investisseurs canariens» au royaume. Le nombre des sociétés des Iles au Maroc dépasse la quarantaine principalement installées dans la région Souss-Massa-Darâa et au Sahara, notamment à Laâyoune. Par ailleurs, dans des déclarations à la presse, le président Rivero a exprimé son souhait d'établir des connexions aériennes entre l'archipel et plusieurs villes du royaume dont Laâyoune. Certains médias espagnols se sont dits surpris de cette incorporation de la capitale des provinces du sud dans cette liste. Sauf que, depuis plus 2005, ils ont oublié que les avions de la compagnie Binter atterrissent de façon normale à l'aéroport Moulay El Hassan de Laâyoune. Vers la création d'une commission mixte Fruit des entretiens entre le roi Mohammed VI et Paulino Rivero, l'annonce de la création d'une commission mixte chargée du suivi de tous les projets d'intérêt bilatéral y compris le très controversé dossier énergétique. Le pétrole y sera-t-il inclus ? Pour mémoire, le 16 mars, le gouvernement Mariano Rajoy a autorisé la compagnie Repsol à initier des prospections off-shore aux Iles Canaries, plus précisément dans le plateau continental en face du Maroc, alors que le problème de la délimitation des frontières maritimes entre les deux pays n'est pas encore résolu. Le dossier figure encore au menu de la Commission des limites du plateau continental relevant des Nations-Unies. Une autorisation qui a suscité une vive réaction des habitants de cet archipel, plus de 10 milles citoyens ont battu le pavé contre cette décision unilatérale de l'équipe Mariano Rajoy. Paulino Rivero, en phase avec ce rejet populaire, écrivait sur son blog «Ils se trompent foncièrement quand ils prétendent nous imposer une activité qui menace sérieusement notre principal moteur économique, notre biodiversité et affecter directement l'approvisionnement en eaux des îles. Et ils se trompent sur la forme parce qu'ils le font en tournant le dos aux Canariens et à la loi». Une position qui lui a valu de vifs reproches de la part de la presse espagnole, sur un ton ironique certains médias ont même prédit sa décoration par le roi Mohammed VI. Chose qui ne s'est pas produite encore. Les Iles Canaries entre le Maroc et le Polisario Le Polisario a réussi à tisser un solide réseau de soutien aux Iles Canaries. Une donne que le gouvernement régionale tient en considération au même titre que ses très bonnes relations économiques avec le Maroc, qualifié d'espace vital pour la survie des Iles. Son éloignement de l'Europe a contraint cette région de se tourner, depuis 2003, vers Rabat et notamment le Sahara et les autres pays de l'Afrique de l'Ouest (Sénégal, Mauritanie et Cap Vert). Une stratégie payante. Entre le Maroc et le Polisario, les dirigeants de cet archipel tentent de maintenir un certain équilibre. Lundi, Antonio Castro, le président du parlement local recevait Ahmed Boujari, un homme de confiance de Mohamed Abdelaziz. Le jeudi, c'est Paulion Rivero qui effectue une visite au royaume.