Tous les arguments se valent pour sauver l'archipel canarien des machines de forage du groupe espagnol Repsol. Paulino Rivero, le président du gouvernement local des Iles Canaries a brandi la menace d'une bisbille diplomatique entre l'Espagne et le Maroc au cas où le gouvernement campait sur sa décision de procéder à des explorations dans les côtes atlantiques de l'archipel. S'exprimant lors d'une session plénière de son Parlement régional, Rivero a mis en garde contre un «conflit» avec le Maroc, si Repsol se lance dans cette périlleuse entreprise. Selon l'explication fournie aux parlementaires populaires l'ayant interpellé sur cette question, Rivero a précisé que les explorations se feront à 60 km de l'Archipel et de fait, certains des points de prospection se situent dans les eaux territoriales marocaines. Et d'ajouter qu'en cas d'incursion dans la médiane imaginaire séparant les deux frontières maritimes, «le gouvernement du PP nous mettra devant un problème diplomatique», a-t-il prévenu. En effet, les prospections sont susceptibles de frôler la médiane, la ligne imaginaire maritime qui sépare le Maroc de l'Espagne, d'autant plus que la délimitation des frontières maritimes entre les deux voisins n'est pas officielle dans cette zone et fait l'objet d'une étude par un groupe de travail mixte qui n'a pas encore rendu sa copie pour résoudre à jamais ce litige. En guise de riposte au niet catégorique du gouvernement local et de sa population, les députés populaires tentent de jeter le discrédit sur le discours de l'Exécutif local. Les populaires traitent Rivero de vouloir ménager la chèvre et le chou en prétendant sauver l'environnement canarien, tout en se murant dans le silence quand le Maroc procède à des prospections dans la région. Les contestataires des explorations ont porté l'affaire devant le Tribunal suprême espagnol, pour invalider les autorisations de chercher des hydrocarbures dans l'océan Atlantique et la bataille juridique risque d'être longue. Déclarées Réserve biosphère par l'Unesco, les Îles voient leur modèle environnemental et économique menacé par ce permis d'exploitation. L'extraction du pétrole sera faite à des profondeurs similaires à celle du golfe du Mexique, chose qui alerte les habitants, vu que les forages en profondeur ne permettent pas d'agir rapidement en cas de fuite. Les Canariens accusent le ministre de l'Industrie espagnol de tourner le dos à sa terre natale (il est originaire des Îles) au profit d'une grande multinationale et de la défendre comme s'il en était un actionnaire.