Le ballet des officiels espagnols qui se déplacent au Maroc continue. Ce jeudi 12 avril, c'est au tour du président du gouvernement local des Îles Canaries, Paulino Rivero, de s'envoler en direction du Maroc, pour une visite de deux jours. Dès l'annonce de l'événement, une centaine d'entreprises originaires des Îles ont affiché leur souhait d'accompagner leur président. Le principal promoteur de ce déplacement, le vice-président de la Chambre de commerce, Modestos Campos, a signalé que la Chambre de commerce de Tenerife croule sous un grand nombre d'appels de la part d'entreprises s'intéressant à ce marché. La visite du haut responsable canarien fait partie donc de cette nouvelle mission assignée aux présidents des gouvernements locaux, celle de repérer des débouchés pour les entreprises espagnoles en cette période de crise étouffante. Officiellement, le déplacement n'a que des ambitions mercantiles ou pour reprendre les termes du ministre régional de l'Economie, il devrait «renforcer le potentiel des liens économiques entre le Maroc et les îles et asseoir des relations institutionnelles». Cependant, son timing délie les langues en Espagne et dans l'archipel. D'ailleurs, les membres du gouvernement de Rivero se sont empressés de démentir tout lien entre le périple et l'affaire des explorations pétrolières au large des côtes canariennes. Le ministre chargé de l'Economie du gouvernement local a même assuré que la visite était programmée avant l'éclatement de cette affaire. Or, cette annonce est du pain béni pour les détracteurs de Rivero, celui qui a osé tenir tête au gouvernement central dans la polémique sur le projet des prospections pétrolières dans les Îles Canaries, à quelques encablures des gisements marocains. Sa position lui a valu des attaques sans merci de la part des députés populaires canariens, lesquels n'hésitent pas à le qualifier d'être à la solde du Maroc et d'ameuter les Canariens contre Madrid. Lors d'un débat au Parlement local, le représentant du Parti populaire a reproché au président son veto contre les prospections au large des côtes canariennes, «au point qu'il paraît qu'il veuille le pétrole pour le Maroc», a manifesté l'édile populaire. Cet autre haut responsable du parti conservateur a même prédit, sur un ton sarcastique, une décoration de la part du gouvernement marocain, à Paulino Rivero, pour «participer à ce que ni les Îles Canaries ni l'Espagne n'exploitent le pétrole de l'Océan Atlantique». Côté affaires, le président canarien espère revenir de ce voyage avec la promesse des autorités marocaines d'une réactivation du projet de liaisons maritimes entre les Îles et le sud du Maroc. Les Canariens tablent sur la reprise de la ligne reliant Tarfaya au port de Rosario de l'île de Fuerteventura, une fois que les travaux de réaménagement du port marocain prendront fin. Rappelons que cette ligne a été inaugurée en 2007, mais a été suspendue en 2008 à cause d'un problème d'ensablement du port. En attendant, le gouvernement canarien milite pour l'établissement d'une connexion maritime entre le port d'Agadir et l'Ile de Lanzarote. D'ailleurs, des députés canariens ont appelé l'Union européenne à mettre la main à la poche pour financer en partie de ce projet, du moins dans les premières phases de son lancement. C'est une revendication qu'appuie avec véhémence l'Exécutif local, qui estime que l'UE devrait apporter son aide financière, non seulement aux liaisons maritimes mais également aériennes, dans le cadre de l'intégration économique des deux régions.