Comme l'avait prédit Albayane, dans son édition de lundi dernier, l'autorisation accordée vendredi dernier par le gouvernement espagnol à la compagnie pétrolière Repsol YPF d'entreprendre des explorations d'hydrocarbures dans l'espace maritime séparant les provinces du Sud du Maroc et l'archipel des Iles Canaries, risque de provoquer de sérieuses tensions entre Rabat et Madrid. Dans une déclaration, mercredi matin au Forum Nouvelle Economie en présence des médias à Madrid, le ministre espagnol d'Industrie, d'Energie et de Tourisme, le canarien José Manuel Soria, a laissé entendre que si l'Espagne n'entame pas les prospections déjà autorisées par le conseil des ministres dans les eaux séparant le Sahara et les Canaries, le Maroc s'emparera de tout le pétrole qu'il peut découvrir dans cette zone au cas où sont confirmés les indices concluants de gisement «d'or noir». Le Maroc est en train de mener des prospections « justement » dans cette zone qui se situe «au bord de la médiane imaginaire entre le Royaume du Maroc et le Royaume d'Espagne », a dit le ministre espagnol. “Au cas où est découvert du pétrole, il y aura deux options : soit que le Maroc extrait tout soit que l'Espagne et le Maroc se partagent l'exploitation du gisement, chacun du côté de la médiane qui lui correspond», a expliqué Soria. Bien qu'il n'existe pas encore de données fiables concernant le potentiel de cette zone, la probabilité est «haute» et serait de 20%, a-t-il ajouté. Il a toutefois rappelé qu'il est utile d'entreprendre des travaux de prospection à partir d'une probabilité de 10% compte-tenu de la dépendance de l'Espagne de l'extérieur en matière énergétique. De façon que le pays «ne peut pas se permettre le luxe» de ne pas tenter de mener des explorations pétrolières dans cette zone, a dit le ministre espagnol. Selon le ministre espagnol, une éventuelle existence de gisement de pétrole pourrait permettre l'extraction de 140.000 barils par jour pendant une durée de vingt ans, ce qui représenterait l'équivalent de 10% de la consommation quotidienne de l'Espagne, qui est actuellement de 1,4 million de barils. Soria a estimé que la découverte de gisements d'hydrocarbures dans les eaux séparant le Maroc et les Canaries supposerait une épargne dans la facture énergétique s'élevant à 28 milliards euros. La découverte du pétrole dans cette zone serait ainsi « une extraordinaire opportunité » pour l'économie et l'industrie aussi bien dans les Iles Canaries que dans l'ensemble de l'Espagne, a soutenu le ministre espagnol. D'autant plus, a-t-il précisé, une éventuelle découverte de pétrole et de gaz dans la zone serait à l'origine du développement d'activités en rapport avec l'économie, les services portuaires, le commerce et contribuera à diminuer le taux de chômage en Espagne.