Jusqu'à il y a 60 ans, la France avait une grande partie de l'Afrique sous sa puissance coloniale. Lorsque les peuples se sont rebellés contre elle, le gouvernement français les a libérés dans l'indépendance. Quelle est la relation entre la France et l'Afrique aujourd'hui? La colonisation française de l'Afrique a commencé en 1830 avec l'occupation d'Alger. Puis la France a progressivement mis sous son contrôle l'ensemble du Maghreb, c'est-à-dire l'Algérie, la Tunisie et le Maroc, la zone sahélienne et l'essentiel de l'Afrique de l'Ouest et du Centre. Plus Djibouti et Madagascar. Le vent n'a pas tourné avant les années 1950. Les colonies ont obtenu l'indépendance. Beaucoup de choses ont changé depuis lors dans le traitement de notre propre histoire coloniale. Les côtés sombres de la domination française ne sont plus cachés. Emmanuel Macron est le premier président français à ne connaître l'époque coloniale qu'à partir des livres d'histoire. Il a admis la culpabilité de son pays entrainant un houleux débat au sein de l'opinion publique française. La colonisation - a déclaré Macron - était un crime contre l'humanité. La France doit faire face à ce passé et présenter ses excuses à quiconque elle a fait du tort au nom de la République française. Dans la dynamique d'un rapport avec l'Afrique, Emmanuel Macron avait une commission «Mémoire et vérité», chargée de proposer des «initatives communes entre la France et l'Algérie sur les questions de mémoire» afin de réconcilier les deux rives de la Méditerranée. Six mois après, l'historien Benjamin Stora premier expert français de la guerre d'Algérie et de ses conséquences a présenté son «rapport sur les questions mémorielles portant sur la colonisation et la guerre d'Algérie». Ancien diplomate et ministre, l'Agérien Abdelaziz Rahabi estime que «Le rapport Stora ne prend en aucun cas en compte la principale revendication historique des Algériens: la reconnaissance des crimes commis par la France pendant la période coloniale entre 1830 et 1962.» Il écrit sur Twitter qu'il ne s'agit ni de repentir ni de mémoire partagée justifier. «Les deux camps ont hérité d'une mémoire complètement antagoniste. » Un geste particulièrement symbolique d'Emmanuel Macron a été la visite de Josette Audin, veuve du combattant pour l'indépendance algérienne Maurice Audin, en septembre 2018. Macron s'est excusé pour le meurtre de torture commis par des parachutistes français sur Maurice Audin en 1957. Un crime qui n'a jamais été officiellement admis auparavant. Et Macron a abordé un autre sujet brûlant: en tant que pionnier en Europe, il a promis le retour des œuvres d'art volées dans les pays d'origine en 2017. Le patrimoine culturel africain, a-t-il annoncé sur Twitter, ne devrait plus être prisonnier des musées européens. Ce faisant, il n'a pas tenu compte de l'argument de nombreux musées, qui privaient les Africains de leur pouvoir, selon lequel l'art n'est pas en sécurité dans leur pays d'origine. Aujourd'hui comme avant, la plupart des Etats africains sont encore sous la coupe de la France, même après leur indépendance. Une époque connue sous le nom de Franceafrique. Les relations sont restées extrêmement étroites. Pas étonnant, étant donné que les Français avaient choisi eux-mêmes le nouveau personnel gouvernemental dans la plupart des colonies. Les élites locales ont été complètement absorbées par les politiciens français, de sorte que la domination de la France a été conservée, mais sous une forme différente. Emmanuel Macron s'engage dans des relations sur un pied d'égalité à chaque occasion. Alors aussi lors d'une conférence de presse à Abidjan fin 2019 avec le chef de l'Etat de Côte d'Ivoire: «Je veux tourner une nouvelle page de notre relation et mettre fin aux haillons, aux restes du passé. Je ne veux pas de paternalisme, je veux un partenariat égal, une amitié basée sur la confiance. » Est-ce que ce sont juste de beaux mots? Oui et non, répond le chercheur François Gaulme. Si vous voyez la Franceafrique comme un système obscur de corruption, alors oui. Mais si vous regardez la nature générale des relations, souligne Gaulme, les mécanismes de base de l'influence française n'ont pas changé, telles que la présence militaire ou l'influence sur la politique monétaire.