Par la voie de sa chargée de la réglementation bancaire à la Direction de la Stabilité financière, la Banque centrale des Etats de l'Afrique de l'ouest (BCEAO), Yaye Aminata Seck Mbow (photo), a fortement contesté un rapport que vient de publier le cabinet FINACTU concernant l'impact de la mise en œuvre des accords de Bâle sur le système bancaire de la zone franc. C'était à l'occasion de la conférence de présentation du rapport intitulé « Mille milliards FCFA ! Avis de tempête sur les banques de la zone franc » et réalisé par le cabinet FINACTU, le mardi 18 décembre à Abidjan. En effet, ce rapport estime que plus de 1000 milliards FCFA (environ 1,7 milliard $) seront nécessaires aux 179 banques implantées dans la zone franc pour se conformer aux nouvelles normes prudentielles prescrites par les accords de Bâle III. Ceci à raison de 744 milliards FCFA (environ 1,3 milliard $) pour la zone UEMOA et environ 300 milliards FCFA (environ 521 millions $) pour la zone CEMAC. Concernant particulièrement la zone UEMOA, ce sont plus de 69% des banques qui seraient touchées par les nouvelles exigences de Bâle III, selon le rapport. Parmi elles, toutes les banques présentes dans un seul pays seraient appelées à disparaitre, juge FINACTU. « L'application de Bâle III risque d'être fatale aux banques mono-pays (présentes dans un seul pays : NDLR) au profit de grands groupes bancaires, surtout africains », estime Géraldine Mermoux, Directrice générale associée du cabinet FINACTU. Une situation qui, selon le rapport, va forcer le marché bancaire de la zone à plus de « concentration et de consolidation ». En plus de voir un bon nombre d'acteurs du secteur bancaire disparaitre, le rapport estime les banques vont devoir se réinventer avec plus de « stratégie », en se tournant vers des activités plus rentables et qui « consomment moins de capitaux propres », tout en « optimisant les frais généraux ». « Un agenda caché » selon la BCEAO Présente lors de la présentation de ce rapport, la chargée de la réglementation bancaire à la Direction de la Stabilité financière de la BCEAO, Yaye Aminata Seck Mbow, a ouvertement taxé ce rapport de « mensonger ». Dénonçant au passage « un agenda caché » en vue de semer la panique dans le système dans le système bancaire de l'UEMOA au profit de certains groupes bancaires internationaux. « Les rédacteurs de ce rapport ont fait la preuve d'une méconnaissance totale de ce qui est Bâle III », a-t-elle renchérit. Yaye Aminata Seck Mbow a, par ailleurs, soutenu que la méthodologie utilisée pour la rédaction de ce rapport était totalement mauvaise. Avec en plus des données utilisées qui sont purement « fausses » puisque se basant sur les données publiques des banques à fin 2016, avec certaines approximations. Elle s'est, en outre, insurgée contre les informations contenues dans le rapport concernant la situation réelle des banques internationales, ou encore d'origine marocaines, présentes dans l'UEMOA. « Savez-vous que certaines banques nationales ont des fonds propres plus importants que des banques internationales d'origine marocaine et européenne présente dans notre zone ? Il donc totalement erroné de dire que toutes les banques mono-pays sont appelées à disparaitre », a-t-elle révélé. La chargée de la réglementation bancaire à la Direction de la Stabilité financière de la BCEAO a, par ailleurs, précisé que la BCEAO a mené une série d'études auprès des banques de l'Union afin d'évaluer le véritable impact des mesures prudentielles édictées par Bâle III. Et les résultats de cette étude qui « se base sur des données plus fiables » a permis à l'institution de prendre les mesures idoines pour la sauvegarde et la stabilité du système bancaire de l'UEMOA. Poursuivant, Yaye Aminata Seck Mbow, a estimé que, contrairement à d'autres pays tels que le Ghana, le Nigeria et même le Maroc où se situe le siège de FINACTU, la BCEAO avait adopté des mesures prudentielles beaucoup moins contraignantes en tenant compte des « réalités de notre zone ». « Je ne comprends donc pas pourquoi FINACTU qui a son siège à Casablanca ne s'intéresse pas à l'impact de Bâle III sur le système bancaire marocain où les ratios de solvabilité réglementaire sont plus élevés que dans l'UEMOA, et préfère venir créer la panique dans notre zone », s'est-elle indignée.