Les établissements marocains verront leur facture s'élever à 271 MDH d'ici à 2015. Les coûts les plus importants seraient concentrés sur les années 2012 à 2014. Le chantier «risque de contrepartie» devrait s'accaparer 21% des montants engagés. La rapidité de propagation de la crise financière, d'une ampleur limitée au demeurant, montre que le dispositif Bâle II est dépassé et a permis ainsi de mettre en exergue la non-adéquation du cadre réglementaire bâlois et plus généralement bancaire, aux situations extrêmes. En effet, le risque bancaire stricto sensu et marginal est bien circonscrit. D'ailleurs, c'est justement parce que les banques, et plus généralement les intermédiaires financiers (assurances, fonds de pension, fonds d'investissement), se débarrassent des risques qu'ils devraient assumer, que la réglementation prudentielle bancaire est inefficace. À cet effet, il a été remarqué que «le mécanisme actuel d'allocation des risques conduirait à les affecter non pas à ceux qui peuvent le mieux les gérer, mais à ceux qui les comprennent le moins». Ainsi, le Comité de Bâle a décidé de procéder à une réforme intégrale, sous l'impulsion du G20 de Pittsburgh, dudit cadre prudentiel, et ce afin de l'adapter à un environnement bancaire devenu volatil et incertain. Bâle III : Un brin d'histoire C'est à la mi-2009 qu'une première phase a débouché sur la publication d'un texte sur les risques de marché, suivie en décembre 2009 par la diffusion de deux documents consultatifs, reprenant des directives relatives aux exigences en capital, ainsi qu'à la gestion du risque de liquidité. Ensuite, courant 2010, des études d'impact ont eu lieu et ont permis un réajustement des mesures précitées et donc la publication d'un premier calendrier d'application cible. C'est ainsi que les règles prudentielles de Bâle III ont monopolisé l'attention tout l'été. Quel coût ? En effet, si leur application devait être facturée à des milliards d'euros pour les banques européennes (960 millions d'euros rien que pour les banques françaises), les établissements marocains verront, quant à eux, leur facture s'élever à 271 MDH pour la période allant jusqu'à 2015, selon une étude de «Sia Conseil», un cabinet de conseil en management et en stratégie opérationnelle. On pourrait éventuellement estimer que les banques marocaines s'en tirent pas mal. Déjà, après l'annonce des nouvelles normes, Bank Al-Maghrib avait estimé que leur impact serait ressenti de façon moins pesante par les établissements marocains, sans pour autant avancer de chiffres. L'étude de «Sia Conseil» vient compléter l'information, chiffre clé à l'appui. Selon l'étude publiée par le spécialiste du conseil managérial et stratégique, le coût de la mise en place de Bâle III pour les banques marocaines serait de 271 MDH sur 5 ans, variant entre 10,5 MDH et 52 MDH par établissement bancaire. Les coûts les plus importants seraient concentrés sur les années 2012 à 2014. A partir de 2015, ces derniers devraient se limiter à la maintenance des dispositifs et à leur mise en conformité progressive, notamment pour les chantiers portant sur les fonds propres. La mise en place de Bâle III devrait constituer un véritable chantier pour le secteur bancaire marocain sur les cinq prochaines années, il entend ainsi renforcer le système bancaire face aux risques auxquels il est continuellement soumis. Toutefois, les banques de la place devraient finaliser la transition vers Bâle II avant de se pencher sur une nouvelle réforme prudentielle. Pour rappel, le Comité de Bâle préconise l'amélioration de la qualité des fonds propres et la mise en place d'un dispositif harmonisé de surveillance prudentielle du risque de liquidité. Les axes de réformes concernent également la prise en compte d'un ratio de levier en complément au ratio minimum de solvabilité, ou encore le renforcement de la gouvernance en matière de gestion des risques. Pour les banques marocaines, le chantier «risque de contrepartie» a été identifié comme le plus coûteux par les experts de Sia Conseil. Toujours selon l'étude, ce dernier devrait s'accaparer 21% des montants engagés. Les chantiers relatifs à l'amélioration de la qualité des fonds propres, aux stress test, ou encore les ratios de liquidités, représenteraient chacun 19% du montant total. Ainsi, la mise en application de Bâle III aurait sans conteste un impact sur les métiers, mais aussi sur les pratiques de la banque. Sia Conseil, quant à elle, estime que «la recherche d'économies sera encore plus renforcée afin de compenser le coût de mobilisation du capital humain et celui de mise en place des dispositifs». Sans oublier que les évolutions dans le modèle métier et opérationnel des banques vont se poursuivre, compte tenu de la forte pénalisation de certaines activités, en l'occurrence la titrisation ou encore les activités de marché, soulignent les experts.