Le Maroc a signé samedi un protocole d'accord avec le constructeur automobile chinois BYD pour l'implantation d'une usine de voitures électriques près de Tanger (nord), la première du genre dans le royaume. Après les groupes français Renault et Peugeot, BYD (acronyme de « Build Your Dreams ») est le 3ème constructeur automobile à poser pied dans ce pays du Maghreb. Le protocole d'accord, signé au palais royal de Casablanca en présence du roi Mohammed VI et du PDG de BYD, le milliardaire chinois Wang Chuanfu, prévoit également la construction à terme de trois autres usines, l'une de batteries électriques, l'autre de bus et camions électriques et la dernière pour fabriquer des trains électriques. Tous ces projets seront implantés près de Tanger, dans la future « Cité Mohammed VI Tanger Tech », une "ville industrielle" portée par le groupe chinois Haite et dont la création a été annoncée en grande pompe en mars. Aucune information n'a été communiquée sur le montant des investissements de BYD au Maroc, ni sur la date de mise en service des sites de production, qui s'étaleront sur 50 hectares et permettront la création de 2.500 emplois, selon les promoteurs du projet. Leader mondial du transport électrique, BYD Auto Industry compte 220.000 employés, répartis sur plus de 30 sites industriels dans le monde. BYD réalise un chiffre d'affaires de 17 milliards de dollars et représente 13 pc des véhicules électriques vendus dans le monde. BYD détient notamment 30% du 1er marché automobile électrique mondial, le marché chinois. Le groupe a commercialisé son premier véhicule hybride en 2008, et dévoilé un an plus tard sa première voiture entièrement électrique, la e6, bien avant que Tesla n'entame, en 2012, les ventes de son Model S. « C'est un jour de fête pour le Maroc qui entre de plain-pied dans le domaine de la mobilité durable (...) avec le leader mondial des véhicules électriques », s'est félicité le ministre de l'Industrie, Moulay Hafid Elalamy, en marge de la cérémonie de signature. « Nous souhaitons bénéficier de la situation géographique du Maroc, en tant que porte d'entrée pour l'Europe et le marché africain », a déclaré de son côté le patron de BYD. Le Maroc mène depuis quelques années une ambitieuse stratégie d'industrialisation, notamment à Tanger, ville d'un million d'habitants qui abrite aujourd'hui plusieurs parcs industriels. Le secteur automobile y est particulièrement développé, surtout depuis l'implantation sur une zone franche d'une usine Renault, la plus grande d'Afrique. Le royaume se veut également un acteur majeur du développement durable sur le plan régional, grâce à une stratégie volontariste en matière d'énergies "vertes", sous l'impulsion du roi Mohammed VI. L'objectif est de porter, d'ici 2030, la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique marocain à 52%. La signature de ce protocole souligne la stratégie politique consistant à faire du Maroc un pays attractif pour les grands investisseurs mondiaux de divers horizons et de consolider le rang du royaume sur la carte mondiale des investissements. Elle reflète aussi la détermination du chef de l'Etat d'encourager et de diversifier les partenariats économiques et commerciaux du Royaume. La Chine, premier marché mondial, a lancé en septembre dernier un pavé dans la mare en disant envisager à terme l'interdiction de la production et de la vente de voitures à carburants fossiles. Le Royaume-Uni et la France se sont fixés un tel objectif pour 2040. En Europe, le cabinet AlixPartners estime qu'à l'horizon 2030, les deux tiers des véhicules légers (voitures particulières et utilitaires) neufs seront plus ou moins électrifiés.