Le roi Mohammed VI, de retour au Maroc, a présidé à Rabat la cérémonie de signature des accords relatifs au projet du gazoduc Nigéria-Maroc et à la coopération maroco-nigériane dans le domaine des engrais. Le gazoduc est un exemple et un modèle de la coopération inter-africaine, et devrait marquer son utilité à plus de 300 millions de personnes. C'est à juste titre que chef de la diplomatie nigériane a indiqué que « la conclusion aujourd'hui de ces accords, après seulement quelques mois de la visite de SM le Roi au Nigéria, est une preuve de la réussite du partenariat Rabat - Abuja, une réussite à attribuer à la volonté des dirigeants des deux pays à assurer l'implémentation des projets bilatéraux ». Le chef de l'Etat marocain était chez son homologue nigérian en décembre et 5 mois plus tard, les choses se concrétisent. Point important crucial, cette remarque du ministre marocain des Affaires étrangères Nasser Bourita, comprise dans le communiqué publié à l'issue de la cérémonie : « Le Gazoduc Nigeria-Maroc, outil privilégié d'intégration et instrument de développement régional, est un projet viable qui vient répondre au besoin croissant de l'Europe de diversifier ses sources d'énergie ». En effet, aujourd'hui, l'Europe importe près de la moitié de son gaz de la Russie de Vladimir Poutine, et environ 10% d'Algérie. Ces deux sources d'approvisionnement étant très coûteuses en termes politiques et d'indépendance du continent, le gazoduc Maroc-Nigéria devrait procurer un bol d'air frais au Vieux Continent. C'est sans doute cela qui pourrait justifier la position inamicale de Moscou à l'égard du Maroc à l'ONU, pour le vote des deux dernières résolutions sur le Sahara. Pour rappel, le projet de Gazoduc avait été discuté entre les chefs d'Etat nigérian et marocain le 3 décembre (photo), et le 15 décembre, le Secrétaire du Conseil de sécurité de Russie Nikolai Patrouchev était reçu par le roi Mohammed VI. Des trémolos dans le gaz, pourrait-on dire… En effet, le président Poutine actionne la manette du gaz pour exercer ses pressions sur les Vingt-Sept. Que l'Union européenne s'approvisionne ailleurs et voilà que ces pressions seraient singulièrement atténuées… Et ainsi donc, « le directeur de la compagnie pétrolière nationale nigériane (NNPC) Farouq Said Garba a présenté les grandes lignes de l'accord de coopération sur le pipeline, signé à cette occasion, entre l'Office national des hydrocarbures et des mines (Maroc) et la compagnie pétrolière nationale nigériane (Nigéria). Said Garba a ainsi évoqué les modalités de gouvernance du projet du gazoduc Nigéria-Maroc, le planning des études de faisabilité et d'ingénierie, ainsi que les droits et obligations des parties à ce partenariat gagnant-gagnant », poursuit le communiqué. Mais on n'en sait pas plus sur ces modalités et autres détails techniques, calendaires et financiers. On comprend que la plus grande confidentialité entoure ce projet… Par ailleurs, et concernant les engrais, « le directeur général de l'Autorité souveraine d'investissement nigériane Uche Orji a traité de la valorisation des ressources naturelles pour la production d'engrais au Nigéria. Il a, dans ce sens, indiqué que la collaboration entre l'autorité souveraine d'investissement nigériane et le Groupe OCP portera sur la prospection et la valorisation des réserves de phosphates existant dans les Etats du Nigéria (Sokoto, Ogun, Edo, Imo). Le Nigéria bénéficiera ainsi de l'expérience et de l'expertise marocaine pour développer le secteur des phosphates au Nigéria ». Le partenariat conclu entre le Maroc et le Nigéria est un modèle de coopération Sud-Sud. Il porte sur l'ensemble de la chaine de valeur agricole, partant de la mise en place de solutions fertilisantes adaptées à la nature des sols et des cultures nigérians, à la disponibilité des engrais sur le marché nigérian et à la mise en place de mesures d'accompagnement auprès des agriculteurs locaux (Mobile school labs, Agribooster), a relevé le patron d'OCP Mostafa Terrab.